jeudi 29 décembre 2016

VOEUX 2017

Un enfant noir, à la peau noire, aux yeux noirs,
Aux cheveux crépus ou frisés, est un enfant.
Un enfant blanc, à la peau rose, aux yeux bleus ou verts
Aux cheveux blonds ou raides est un enfant.
L'un et l'autre, le noir et le blanc ont le même sourire
Quand une main leur caresse le visage,
Quand on les regarde avec amour et leur parle avec tendresse
Ils verseront les mêmes larmes si on leur fait mal
Vivre ensemble est une aventure ou l'amour,
L'amitié est une belle rencontre avec qui n'est pas moi,
Avec ce qui est toujours différent de moi et qui m'enrichit.
                                                         (Tahar Ben Jelloun)

Les communistes de la Section de Gretz/Tournan vous présentent leurs
meilleurs vœux pour l'année 2017 



Dernière image pour Maurice Failevic, un réalisateur humainement engagé

Dernière image pour Maurice Failevic, un réalisateur humainement engagé

Gérald Rossi
Mercredi, 28 Décembre, 2016
L'Humanité

Maurice FAILEVIC, dans un atelier devant une machine, lors du tournage de son téléfilm De la belle ouvrage, EN 1971 PHOTO Claude James/Ina/AFP Forum
Maurice FAILEVIC, dans un atelier devant une machine, lors du tournage de son téléfilm De la belle ouvrage, EN 1971 PHOTO Claude James/Ina/AFP Forum
Ina
Cinéaste et documentariste de terrain, militant du PCF, il débuta sa carrière derrière la caméra en 1967 pour la série télévisée les Femmes aussi. On lui doit des dizaines de films et documentaires sur le monde du travail. Il s’est éteint dans la nuit de lundi à mardi. Il avait 83 ans.
Un citoyen du documentaire et du cinéma de fiction. Un homme engagé. Avec des convictions fortes. Et en même temps, « sa modestie a caché sa vigueur de création », nous disait hier après midi son ami Jack Ralite, ancien maire communiste d’Aubervilliers, et longtemps animateur des états généraux de la culture. Maurice Failevic est mort dans la nuit de lundi à mardi, à l’âge de 83 ans. En 1953 il avait fait le choix de rejoindre le Parti communiste français, et il lui est resté fidèle, témoignent ses amis militants du 19e arrondissement de Paris. « C’était un gars qui comptait », dit encore Jack Ralite. La formule résume bien l’homme. « Il était branché sur le social, mais pas de façon lourde (…), il était attentif aux autres, pour comprendre et les comprendre, qu’ils soient ouvriers, agriculteurs, que ce soient des enfants… »
Son arrivée à la télévision s’est faite un peu par hasard. « C’était plus pour des raisons matérielles que par envie », disait-il. Au sortir de son service militaire, il réalise donc son premier documentaire pour une des émissions phares d’alors, les Femmes aussi, que pilotait Éliane Victor. Et puis « J’ai passé un long bail avec la télévision », racontait-il, sans abandonner le cinéma pour autant. Car c’est d’abord au 7e art que se destinait Maurice Failevic, qui était passé par l’Idhec (l’Institut des hautes études cinématographiques, devenu la remarquable Femis). Il en est ensuite devenu pendant une dizaine d’années un des formateurs.

C’était la grande époque de la culture populaire, du TNP, de Jean Vilar…

Mais la télévision, qui en était encore à ses débuts et dont le public ne cessait de croître, était un média « qui bougeait. Nous inventions en permanence. Très vite je me suis passionné pour l’outil. C’était la grande époque de la culture populaire, du TNP, de Jean Vilar… Nous avions l’impression d’avoir à notre disposition l’outil de culture populaire, celui qui pénètre chez les gens qui ne vont pas au théâtre, qui ne fréquentent pas les bibliothèques. Il y avait une sorte de mission formidable », se souvenait-il en 2003.
Cet outil, avec son collègue documentariste Marcel Trillat, il l’a utilisé dans le bon sens du terme, aussi pour tenter de comprendre l’histoire contemporaine du communisme. C’est ainsi qu’a vu le jour en 2011 l’Atlantide, qui a « fait le point de l’intérieur »(du PCF). Dans une interview à l’Humanité, ils déclaraient : « On a essayé de choisir des gens qui parlent vraiment, qui ne nous fassent pas du baratin, qui n’essaient pas a posteriori d’embellir leur rôle ou de réécrire l’histoire. »
Cette même pensée décortiquée, mise à nu, Failevic est aussi allé la chercher dans une fiction de 2005, Jusqu’au bout, très inspirée de la lutte des ouvriers de Cellatex, une filature de rayonne employant alors 153 personnes à Givet, dans les Ardennes.
Des hommes et des femmes brutalement jetés à la rue et qui décident de résister. Par tous les moyens… Et ce sont ces fils de résistance, d’humanisme, de soif de vivre, tout simplement, que l’on retrouve dans ce téléfilm brûlant que France 3 diffusa en début de soirée.C’était la guerre, récompensé par le Fipa d’or en 1993, a pointé la caméra sur la guerre d’Algérie, une « guerre sans nom », comme l’a souligné aussi Bertrand Tavernier. C’était la dix-neuvième fiction que Maurice Failevic réalisait et, là encore, le film s’appuie fortement sur la réalité. Tout en respectant la démarche du début : tenter de décrire que qu’il y a derrière la simple image. Dans une interview au Monde en 1978, il précisait : « Jusqu’à présent, j’ai fait des films de fiction très proches du réel. Je souhaite “décoller” du réel, et le film historique m’aide à franchir ce pas, à aller vers la fiction, à me libérer des règles du documentaire. » Pour ne pas être un simple collecteur, pourrait-on ajouter. Discret jusqu’au bout du chemin, Maurice Failevic a choisi de faire don de son corps à la science. Pour aider la recherche. Un dernier geste d’humanité.
Filmographie et distinctions
Maurice Failevic a réalisé près de cinquante films et documentaires, parmi lesquels, en 1968, Naissance d’un spectacle, un événement ordinaire ; en 1970, un reportage sur les derniers mineurs de l’Aveyron ; en 1976, le Journal d’un prêtre ouvrier ; en 1977, 1788, une remarquable et remarquée chronique de la vie villageoise à la veille de la Révolution française ; en 1981, les Saltimbanques et le Cheval vapeur ; en 1987, Bonne chance, Monsieur Pic, etc. Il a également été salué par plusieurs distinctions : prix de la critique en 1971 pour De la belle ouvrage ; prix de la critique en 1975 pour Gouverneurs de la rosée ; prix Futura en 1983 pour le Jardinier récalcitrant ; Fipa d’or en 1983 pour C’était la guerre ; prix SACD de la télévision en 2001 ; Fipa d’argent en 2005 pour Jusqu’au bout.

Hébergement d’urgence. à Tours, un Noël sans répit pour les sans-abri

Hébergement d’urgence. à Tours, un Noël sans répit pour les sans-abri

Émilien Urbach
Mercredi, 28 Décembre, 2016
L'Humanité

employés et habitants craignent qu’un tri soit fait entre réfugiés et demandeurs d’asile. photo O. Brosset/LA NOUVELLE REPUBLIQUE/MAXPPP
employés et habitants craignent qu’un tri soit fait entre réfugiés et demandeurs d’asile. photo O. Brosset/LA NOUVELLE REPUBLIQUE/MAXPPP
PHOTOPQR/LA NOUVELLE REPUBLIQUE/MAXPPP
Depuis deux jours, les pensionnaires et les employés d’un foyer d’accueil de la capitale d’Indre-et-Loire occupent leur lieu de vie pour ne pas en être expulsés.
« Nous déclinons la proposition précaire de relogement dans le gymnase Paul-Racault envisagée par la préfecture et la Direction départementale de la cohésion sociale (DDCS) », lançaient, samedi 24 décembre, les résidents du foyer Albert-Thomas de Tours (Indre-et-Loire), après avoir appris qu’ils devaient être mis à la porte, ce lundi. Depuis, ils occupent ce qui constitue leur seul lieu de vie, avec le soutien des employés de l’association gérante du foyer, qui, pour leur part, craignent pour leurs emplois.
Tout s’accélère mercredi 21 décembre, lorsque des employés de la structure d’accueil reçoivent des SMS les informant de leur licenciement imminent et de la fermeture du foyer. Le lendemain, le président de l’association demande la liquidation judiciaire de sa structure au tribunal de grande instance. Trente-six pensionnaires, des sans-abri, des immigrés en attente de régularisation, des réfugiés statutaires et huit employés se retrouvent respectivement sans toit et sans emploi, du jour au lendemain.
« C’est la première fois que nous voyons une association chargée d’hébergement d’urgence être mise en liquidation », déclare immédiatement la directrice adjointe de la DDCS lors de l’entretien avec les salariés.

Des solutions repoussées par la préfecture

Lundi 26 décembre plusieurs dizaines de personnes se regroupent devant le foyer pour empêcher l’expulsion des résidents et exiger que le lieu soit placé entre les mains d’un administrateur provisoire. « Des solutions existent pour maintenir les places d’hébergement d’urgence dans le dispositif départemental en assurant la continuité des contrats de travail et des garanties collectives pour l’ensemble des personnels », insistent les représentants du Parti communiste français présents lundi au rassemblement.
En début d’après-midi, une délégation de résidents est reçue dans les locaux de la DDCS. À leur sortie, les « négociateurs » semblent rassurés. Une autre association pourrait prendre en charge la gestion du lieu, jusqu’au 31 janvier, en attendant d’autres solutions plus pérennes. Il ne reste plus qu’à obtenir la validation de l’accord par le préfet.
Dans la soirée, les résidents et employés reçoivent un courrier électronique adressé par le directeur départemental de la DDCS. À la stupéfaction de tous, il confirme l’ouverture du gymnase Paul-Racault afin d’y reloger les pensionnaires, jusqu’au 2 janvier, et promet la « continuité de la prise en charge des résidents, selon des modalités propres à chaque situation ».
Les employés et les habitants du foyer décident, dès lors, de poursuivre son occupation. Ils s’inquiètent, par ailleurs, que la préfecture tente d’en profiter pour faire le tri en différenciant les sans-abri, les demandeurs d’asile, les réfugiés, et « les personnes en situation irrégulière ou non éligibles à une place en centre d’accueil pour demandeurs d’asile ». Le message du directeur de la DDCS est clair. Concernant ceux qui, selon les accords de Dublin, ne peuvent pas demander l’asile en France, « la situation ne suspend pas les procédures vers le pays tiers concerné » et « ne suspend pas non plus les procédures d’éloignement », concernant les déboutés du droit d’asile.
Une assemblée générale devait se tenir, hier soir, dans les locaux du foyer occupés, pour imaginer des suites à la mobilisation pour l’hébergement des trente-six sans-abri et la sauvegarde des emplois associatifs. Joyeux Noël…

Les start-up, le fantasme de la réussite pour tous

Les start-up, le fantasme de la réussite pour tous

Pierric Marissal
Mardi, 27 Décembre, 2016
L'Humanité

« En dix ans, ce nouveau modèle de réussite offre une cure de jouvence au capitalisme. »
« En dix ans, ce nouveau modèle de réussite offre une cure de jouvence au capitalisme. »
Xavier POPY/REA
Les start-up et entrepreneurs sont chouchoutés par nombre de candidats à la présidentielle, ils seraient innovants et créateurs d’emplois. Plongée au cœur de la réalité économique de ces jeunes pousses trop à la mode.
À 16 ans, Philippine a bien intégré tous les codes. Vêtue de son sweat-shirt à capuche floqué du logo de son entreprise, New School, l’uniforme popularisé par Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, la lycéenne des Yvelines écume les concours de start-up où elle présente son idée devant des investisseurs. Après avoir récupéré plus de 60 000 euros en financement participatif et avant même sa première levée de fonds, elle fut la coqueluche de plusieurs médias, a reçu le soutien du candidat à la primaire de la droite Alain Juppé et de l’ex-présidente du Medef Laurence Parisot et est devenue le symbole français d’un « esprit start-up ».

Le premier tour de financement d’une start-up, c’est 500 000 euros

Son idée est simple : faciliter l’appel des élèves en début de cours. Chacun d’entre eux est équipé d’un badge électronique. Le professeur envoie juste un signal via son smartphone et peut commencer la classe. Si au bout de dix minutes un élève manque à l’appel, une notification est envoyée à l’enseignant et un SMS transmis aux parents. Du simple flicage par la technologie, en somme. Mais l’enrobage « innovant » et la promesse de faire gagner 28 heures de cours par an en automatisant le temps de l’appel séduit. L’éducation nationale étudie la question. Un programme test est même en cours dans les Yvelines et Apple a pris la jeune start-uppeuse sous son aile.
L’anecdote montre combien l’engouement autour de ces jeunes entrepreneurs technologiques est aujourd’hui puissant. Toulouse est « So Start-up ! », la « Loire Valley » espère rapprocher la Touraine de la Californie, mais c’est Paris qui s’affirme comme la « Silicon Valley à la française ». En dix ans, ce nouveau modèle de réussite s’est imposé et offre une cure de jouvence au capitalisme. Devenir milliardaire en étant son propre patron devient la consécration accessible à tous, du moment qu’on trouve la bonne idée au moment juste, pour rencontrer les consommateurs.
Et l’argent coule à flots. « Le montant moyen investi en amorçage, c’est-à-dire le premier tour de financement d’une start-up, c’est 500 000 euros. En échange, elle lâche 25 à 30 % de son capital. Cela veut dire que la start-up est valorisée au moins 1,5 million d’euros », explique Charles Degand, start-upper et grand connaisseur du milieu. La valeur de ces entreprises est uniquement basée sur les normes du marché, détachées du chiffre d’affaires. Les start-up se placent en marge du reste de l’économie. « Les investisseurs payent tout de suite le prix qu’ils espèrent que la start-up vaudra dans deux ou trois ans, explique le fondateur de FundMe et d’AngelSquare. Un plombier, par exemple, n’a pas ce potentiel de croissance. Mais une place de marché qui recense tous les plombiers du territoire et qui permet à n’importe quel Français de trouver son artisan en quelques minutes, là il y a de l’innovation et du potentiel. »

« En France on n’a ni la masse, ni cette culture du capital risque »

Les « business angels » les plus connus sont de grands entrepreneurs du Web, comme Xavier Niel, fondateur de Free, Jacques-Antoine Granjon (Vente-privée.com) ou Henri Seydoux, fils du patron de Pathé et PDG de l’entreprise Parrot, spécialiste des drones… On trouve aussi d’autres fondateurs de start-up, des avocats ou des cadres de grandes entreprises. Certains investisseurs sont tellement influents que la Banque publique d’investissement (BPI) fournit des aides automatiques aux entreprises qu’ils financent… Les start-up sont aussi très soutenues par l’argent public. Par exemple, 81 % d’entre elles bénéficient du crédit d’impôt compétitivité emploi (Cice), 71 % du crédit d’impôt recherche (CIR). La BPI offre de nombreuses subventions et les collectivités des aides à l’installation.
Les business angels sont particulièrement chouchoutés dans le programme de François Fillon. Le candidat de droite veut multiplier leur nombre par dix car ils ne seraient « que 8 000 » en France. Pour cela, il promet de nouvelles réductions d’impôts pour ceux qui investissent dans les start-up. Et, en cas de perte de capital, il suggère de demander au fisc de rembourser 50 % des montants investis. Une mesure plus qu’inquiétante, 9 start-up sur 10 disparaissant dans les trois ans après leur création… « C’est la privatisation des profits et la mutualisation des pertes, reconnaît Charles Degand. Et puis, c’est la menace de créer une bulle spéculative autour des start-up qui seront valorisées des millions alors qu’elles ne gagneront pas un euro… »
Yann Le Pollotec, responsable du secteur révolution numérique au sein du PCF, explique que ce modèle très déséquilibré n’est pas adapté à la France. « Aux États-Unis, ils créent des milliers de start-up qui disparaissent et seule une poignée sort du lot. C’est une sélection par l’échec. Sauf qu’en France on n’a ni la masse, ni cette culture du capital risque. C’est surtout l’État qui va y mettre de sa poche. Et, plutôt que de mettre de l’argent dans les start-up, l’État ferait mieux d’investir dans la recherche publique, de l’innovation tournée réellement vers l’intérêt général. »
Comme l’essentiel du financement de ces entreprises tourne autour des levées de fonds auprès des investisseurs, le bagout commercial est devenu central. Dans le monde des start-up, on appelle ça le « pitch ». En cinq minutes, pas plus, il faut expliquer pourquoi on va séduire le consommateur en augmentant sa « puissance d’agir » (« empowerment », dans le jargon), exalter le produit, en montrer les challenges… Le tout en parsemant son discours des termes attendus : « Révolutionnaire », « innovant », « disruptif » et de moult anglicismes… « Il y a maintenant des ‘‘coachs de pitch’’. Les incubateurs donnent des cours et organisent des ‘‘pitch days’’ avec des investisseurs, raconte Charles Degand. Beaucoup de projets n’ont pas grand sens et participent à creuser le fossé qui s’est créé entre les start-up et l’économie normale. J’ai rencontré des boîtes qui vivent depuis cinq ou six ans uniquement par les subventions publiques, des bureaux gratuits, les prix des concours de pitch, sans modèle économique viable. Il ne faut pas caricaturer, mais il faut se rendre compte que les start-up qui vont vraiment marcher sont des exceptions. »
Cet engouement pro-start-up comble aussi un vide. « Comme les hommes politiques n’ont globalement rien de positif à annoncer sur le terrain de l’économie, ils ont pris le créneau des start-up pour avoir des bonnes nouvelles à annoncer, avance Arthur Muller, fondateur de la start-up Liegey Muller Pons (LMP). Un ministre de l’Économie préfère être associé avec le patron de Blablacar qui va recruter 40 développeurs que d’aller se confronter à l’industrie en crise à Florange. » Et les politiques, Arthur Muller les connaît bien. Ce sont ses principaux clients. La start-up propose d’aider les partis à optimiser leur porte-à-porte grâce au big data, en croisant les résultats électoraux et des données sociodémographiques. En marche !, le mouvement d’Emmanuel Macron, s’est offert ses services pour 2017.

94 % des travailleurs de start-up ont bac + 5 minimum

L’ancien ministre est l’un des candidats à la présidentielle les plus enthousiastes. « Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires », lançait-il début 2015. Macron écume les start-up françaises, vante leur force de progrès, d’innovation et, surtout, leurs capacités à créer de l’emploi. Mais, de cela, on peut en douter. « Cela fait débat, surtout aux États-Unis, tempère Arthur Muller. Est-ce que les start-up créent vraiment de l’emploi ou est-ce que leurs activités reposent tellement sur les technologies qu’elles n’ont plus besoin de salariés ? Beaucoup d’entrepreneurs de la Silicon Valley défendent le revenu universel, car, s’ils n’ont plus besoin de salariés, ils ont besoin de consommateurs… » LMP espère recruter dans les prochains mois une dizaine de profils ultraqualifiés. Une constante dans toutes ces start-up technologiques. Le baromètre 2015 réalisé par le cabinet Ernst & Young montre que 94 % des travailleurs de start-up ont bac + 5 minimum. Le mythe du jeune entrepreneur autodidacte en prend un coup. « Mes salariés sortent tous de grandes écoles, comme Polytechnique ou HEC, et ils peuvent tous retrouver du travail demain, reconnaît le patron de LMP. Les développeurs et les statisticiens qui sont capables de faire ce que je leur demande sont très peu nombreux et je dois aller les chercher dès l’école pour les piquer à la finance ou aux assurances. »
Autre information de ce baromètre, 91 % des salariés de ces jeunes pousses sont en CDI. Pourtant, la droite comme Emmanuel Macron promettent à ces entrepreneurs plus de flexibilité, lorsque ce n’est pas de casser complètement le CDI pour qu’ils n’aient plus peur d’embaucher… « Moi, je n’ai jamais entendu un start-upper qui se plaignait du CDI », s’étonne Charles Degand. Même son de cloche chez LMP : « Si je proposais des offres en CDD, les candidats rigoleraient. Mes développeurs demandent une double période d’essai, pour pouvoir partir du jour au lendemain s’ils trouvent mieux ailleurs. Il ne faut pas nous confondre avec les chauffeurs d’Uber, qui sont autoentrepreneurs et non pas salariés de start-up… » Le baromètre avance d’ailleurs que seuls 37 % des patrons de start-up se plaignent du coût du travail français.
Arthur Muller attire ses salariés en leur proposant un projet et une autre organisation du travail, horizontale. « Beaucoup de jeunes aiment travailler dans ces structures, parce qu’il y a une culture de l’échange, de la collaboration. On n’est pas que le maillon d’une chaîne. Mais il faut aussi savoir faire preuve d’autonomie, parfois changer de rôle, c’est exigeant et cela ne plaît pas à tout le monde. » Et le start-upper de reconnaître : « Vous savez, l’écosystème français est très favorable pour les start-up. Mais c’est vrai que pour qui veut monter une entreprise de BTP ou une boulangerie, il n’y a pas toutes ces aides… » D’autres modèles existent pourtant. « C’est vrai que beaucoup de jeunes ne veulent plus de patron et recherchent les moyens d’être créatifs, explique Yann Le Pollotec. Mais, pour cela, les modèles coopératifs de l’économie sociale et solidaire, tout comme les lieux alternatifs comme les fab labs, sont bien plus adaptés que les start-up. »
 
en quelques chiffres clés
- La France compte un peu plus de 10 000 start-up, la très grande majorité à Paris. - Le patron de start-up moyen est un homme de 40 ans, titulaire d’un master de grande école. 9 % seulement sont dirigées par des femmes. - 44 start-up françaises ont levé des fonds en novembre dernier pour un total de 359 millions d’euros. La valorisation cumulée des start-up parisiennes atteint 11 milliards d’euros. - En 2015, la Banque publique d’investissement a consacré 1,3 milliard d’euros d’aides et de financements aux start-up.
Journaliste, spécialiste des nouvelles technologies

Livre. Mortelles primaires : qui aime bien châtie bien ?


Livre. Mortelles primaires : qui aime bien châtie bien ?

Audrey Loussouarn
Mercredi, 28 Décembre, 2016
L'Humanité
Vingt-deux auteurs se sont prêtés à un exercice d’un genre particulier : tuer un candidat d’une fictive primaire de toute la gauche. Pour un résultat sanglant, décapant et, bien sûr, éminemment politique.
Ça se lit, et pas seulement entre les lignes : ils ont pris un malin plaisir à les faire souffrir. Pour Mortelles primaires, recueil de vingt-deux nouvelles signées par autant d’auteurs différents, l’exercice était un peu particulier : chacun avait pour mission de prendre pour cible un candidat potentiel à la primaire de la gauche. Et quand Arnaud Viviant, Dominique Delahaye, Pierre Domengès ou encore Patrick Fort se sont lancés, la Belle Alliance populaire n’avait pas encore les sept candidats qu’elle connaît aujourd’hui. Du coup, ça donne un casting élargi à El Khomri, Fabius, Le Foll, Laurent, Hamon, Mélenchon ou encore Filoche. Tous les coups sont permis, et assumés, comme si la fiction leur offrait un espace de défouloir. « Mais soit bien conscient, lecteur, que tous nos crimes ne sont rien d’autre qu’une longue lettre d’amour contrariée à cette terre mère, sinistre gauche, que nous ne nous décidons pas à abandonner» écrit dans la préface Marie-Pierre Vieu, directrice d’Arcane 17 et elle-même auteure d’une nouvelle.

Un mystérieux assassin qui élimine à tour de rôle ses potentiels concurrents

La perspective de la présidentielle a donné cette année de l’inspiration à bon nombre de fictions. Si beaucoup ont pris le spectre de Marine Le Pen en candidate victorieuse comme trame de leur récit, ici, on a choisi de s’attaquer à la gauche. Le fil rouge, c’est cette signature après chaque passage à l’acte : « La bande du 49-3 », en l’occurrence un mystérieux assassin qui élimine à tour de rôle ses potentiels concurrents à la manière du film le Couperet, de Costa-Gavras. Dans des styles très différents mais avec un même humour noir, c’est l’occasion pour les auteurs de distiller leur regard sur l’actualité, de faire passer des messages politiques, dans des dialogues et scènes toujours raccrochés à une forme de réalité. Non sans un côté loufoque : Martine Aubry, plus vraie que nature dans ses répliques, est dépeinte en buveuse de bière et en peignoir, Cohn-Bendit est attaqué à coup de battes de base-ball, et le directeur de cabinet de Myriam El Khomri est tué par une avalanche de Codes du travail – pourtant allégés – tout juste imprimés. Mais aussi un « Moi-Président », ridiculisé sous la plume d’Antoine Blocier, qui donne du fil à retordre à l’assassin : « Trop imprévisible pour émettre un plan. Si encore je voulais le dégommer dans le champ de l’économie ou de la politique, ce serait facile, il est toujours là où les banquiers l’attendent. » Les candidats tombent, in fine, comme des mouches. Chacun pourra lire la nouvelle qui répond le plus à ses fantasmes les moins avouables.

Primaires. Vincent Peillon cherche encore sa place

Primaires. Vincent Peillon cherche encore sa place

Olivier Morin
Jeudi, 29 Décembre, 2016
L'Humanité

AFP
Tours (Indre-et-Loire), envoyé spécial. Le dernier candidat déclaré aux primaires de la Belle Alliance populaire s’est rendu mercredi à Tours. L’occasion pour lui de tenter de rendre visible la « troisième voie » qu’il compte incarner.
Pas facile pour Vincent Peillon d’exister dans ces primaires de la Belle Alliance populaire. La trêve des confiseurs et son creux d’actualité politique tombaient donc à pic pour que l’ex-ministre de l’Éducation nationale donne une teneur moins confidentielle à sa campagne, avant de dévoiler son projet, le 6 janvier. À Tours (Indre-et-Loire), où il s’est rendu hier pour rencontrer des acteurs de la culture et développer ses propositions, les militants socialistes sont encore étonnés de la candidature de celui qui a été absent des radars médiatiques pendant près de deux ans. Dans ce département, qui est aussi bien le fief du député Laurent Baumel, soutien d’Arnaud Montebourg, que le territoire de la sénatrice Stéphanie Riocreux, porte-parole de Manuel Valls, il se murmure que l’apparition de Vincent Peillon n’était pas tout à fait prévue. « Mais ça ne veut pas dire qu’il n’a rien fait », reprend Gaëlle, adhérente PS de la commune voisine de Fondettes et soutien de Vincent Peillon. « Je ne savais pas pour qui me prononcer dans cette primaire avec des candidats trop clivants. La candidature de Vincent Peillon a été pour moi une agréable surprise et je pense qu’il est le plus à même d’assumer un bilan et de proposer des solutions », précise-t-elle. Un bon compromis entre Valls et Montebourg en somme… mais sans doute plus proche de Valls. C’est en tout cas l’avis de Nathalie, venue accompagner Vincent Peillon lors de sa visite mais qui soutient la candidature de l’ex-premier ministre et pour qui « de bonnes choses ont été faites quand Peillon était au gouvernement ». Et d’ajouter, « il faudrait une gauche qui puisse travailler de concert avec la droite, comme au Luxembourg ». Dans le centre de création contemporaine Olivier-Debré, devant des toiles monumentales en restauration, Vincent Peillon explique combien ces deux ans de diète médiatique lui ont été bénéfiques. « C’est important pour savoir ce qu’on veut faire », assure-t-il, avant de réaffirmer son ambition de rassembler la gauche « et au-delà »…

Le dimanche, bricoler n’est pas toujours toléré

Le dimanche, bricoler n’est pas toujours toléré

REGLE DE BON VOISINAGE
Daniel Roucous
Vendredi, 23 Décembre, 2016

AFP/Mychele Daniau
L’ouverture le dimanche des magasins de bricolage n’autorise pas de fait à bricoler le dimanche et fêtes, droit au repos des voisins oblige !
62% des Français considèrent le bricolage comme un loisir qu’ils pratiquent le plus souvent le dimanche. Cela a d’ailleurs été l’argument du Conseil d’Etat puis du gouvernement  pour autoriser l’ouverture des magasins de bricolage ce jour là par dérogation permanente. Ceci en application de l’article L3132-12 du code du travail qui autorise certains établissements à déroger à la règle du repos dominical lorsque l’ouverture est rendue nécessaire par les besoins du public. »
Le hic est que bricoler le dimanche se heurte au droit au repos des voisins. Ce droit s’appuie sur l’article R1334-31 du code de la santé publique qui dit bien que « aucun bruit particulier ne doit, par sa durée, sa répétition ou son intensité, porter atteinte à la tranquillité du voisinage ».
C’est d’ailleurs pour cela que les maires ou les préfets publient et affichent des arrêtés réglementant le bricolage le dimanche. Ils s’imposent aux bricoleurs qui doivent donc en prendre connaissance sur les sites internet de leurs mairies, les lieux d’affichage ou sur place.
Certains interdisent le bricolage le dimanche. C’est le cas à Paris.
D’autres le limitent de 10 à 12 heures comme à Blois, à Wasquehal, en Seine-Saint-Denis voire de 10 à 12 et de 16 à 18 heures comme en Haute-Garonne.
A défaut d’arrêtés, les bruits ne doivent en aucun cas durer, être répétitifs et intenses le dimanche, jours fériés comme en semaine. Et contrairement aux idées reçues, tout n’est pas permis entre 7 et 22 heures.
Quand ça dépasse les bornes, les accords amiables et les alertes aux propriétaires ou aux syndics restées sans suite, il convient de s’adresser aux services municipaux voire aux maires.
En effet, ceux-ci non seulement sont tenus de faire respecter les arrêtés relatifs au bricolage qu’ils ont pris mais encore sont responsables de la tranquillité publique. Ceci en application de l’article L2212-2 alinéa 2 du code général des collectivités territoriales qui énonce : « la police municipale que le maire doit assurer comprend  le soin de réprimer les atteintes à la tranquillité publique telles que… les bruits, les troubles de voisinage etc. »
Cette réglementation vaut aussi pour les tondeuses à gazon, les motoculteurs, les taille-haies, les tronçonneuses, les chiens qui ne cessent d’aboyer et les coqs passionnés de chants en ville comme au village.
Précisons que la réglementation sur le bruit s’applique aussi aux magasins, commerces, cafés-restaurants et autres « fanas » du travail le dimanche.

Colonisation. Netanyahou mis face à ses responsabilités

Colonisation. Netanyahou mis face à ses responsabilités

Gaël De Santis
Jeudi, 29 Décembre, 2016
L'Humanité

afp
Dans son discours, prononcé hier, le chef de la diplomatie des États-Unis a expliqué le refus de l’administration Obama de mettre son veto à la résolution condamnant la colonisation de la Cisjordanie : la politique de Netanyahou empêche la « viabilité d’une solution à deux États », a défendu John Kerry.
C’est un nouveau camouflet à Benyamin Netanyahou que vient d’adresser l’administration Obama, hier, moins d’une semaine après avoir laissé passer, au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies, une résolution condamnant la colonisation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Le secrétaire d’État des États-Unis, John Kerry, a, hier, fait une longue déclaration expliquant ce vote. Pour lui, la colonisation empêche la « viabilité d’une solution à deux États ».
Or, elle a été une constante de la politique israélienne ces dernières années. Kerry a rappelé qu’il y a aujourd’hui 270 000 colons de plus en Cisjordanie et à Jérusalem-Est qu’avant les accords d’Oslo et 100 000 colons de plus qu’avant l’arrivée de Barack Obama en 2009. Cette situation empêche « un État palestinien viable ». Il fait savoir aux autorités israéliennes que le fait que Washington n’ait pas opposé son veto vendredi dernier, s’abstenant et autorisant ainsi le vote par quatorze membres du Conseil de sécurité de la résolution ne pouvait constituer une surprise. « Cette résolution réaffirme les principes énoncés par le Conseil de sécurité » au sujet du règlement du conflit.
Pour autant, le chef de la diplomatie a repris des fondamentaux de la position états-unienne, blâmant l’Autorité palestinienne et le Fatah pour ne « pas condamner certains actes terroristes ». Il a vanté le bilan de l’administration Obama, qui a usé son veto à plusieurs reprises à des résolutions « non équilibrées » et rappelé qu’elle a débloqué des fonds en faveur de la défense d’Israël. En effet, les États-Unis viennent de programmer une aide militaire de 38 milliards de dollars (36,5 milliards d’euros) pour les dix prochaines années.
John Kerry avertit Israël : la solution à deux États est le seul moyen « pour permettre la réalisation des aspirations nationales de deux peuples ». En l’occurrence, pour Israël, un État juif et démocratique, en paix avec ses voisins. Il a érigé les États-Unis en premiers défenseurs de cette cause, laissant entendre que la politique israélienne actuelle s’en éloignait.
Alors que le 20 décembre Donald Trump sera investi président des États-Unis, John Kerry a tenu à rappeler les jalons de la ligne défendue par les précédentes administrations : la création de deux États, dans les frontières de 1967, avec des échanges équitables de territoires pour « tenir compte des réalités sur le terrain » ; un accord sur le sort des réfugiés palestiniens ; le partage de Jérusalem, qui deviendrait capitale des deux États, avec un accès aux lieux saints ; la satisfaction des besoins de sécurité d’Israël et la fin de la colonisation. Ce haussement de ton de la part de Kerry, annoncé depuis plusieurs jours, a déjà des effets concrets sur le terrain, Israël se sentant plus que jamais isolé. La municipalité de Jérusalem, qui devait hier attribuer des permis de construire dans la partie orientale de la ville, a suspendu son projet. « Le président du comité de planification nous a dit que (la question des permis) avait été retirée de l’ordre du jour à la demande du premier ministre, de façon à éviter un conflit avec le gouvernement américain juste avant le discours de Kerry ce soir », a déclaré Hanan Rubin, conseiller municipal.
Les États-Unis ne sont pas seuls à pouvoir peser. L’Union européenne aussi a un rôle à jouer, elle qui est le premier partenaire commercial d’Israël, et qui absorbe 35,8 % de ses exportations et finance une partie de sa recherche et développement dans les branches de l’électronique, de l’aéronautique et de l’armement par le truchement de subventions.

Israël. La fuite en avant nationaliste de Netanyahou

Israël. La fuite en avant nationaliste de Netanyahou

Gaël De Santis
Mercredi, 28 Décembre, 2016
L'Humanité

BenYamin Netanyahou JOUE SUR LA FIBRE EXTRéMISTE POUR DéFENDRE sa politique coloniALE condamnée par l’onu. PHOTO Dan Balilty/REUTERS/Pool
BenYamin Netanyahou JOUE SUR LA FIBRE EXTRéMISTE POUR DéFENDRE sa politique coloniALE condamnée par l’onu. PHOTO Dan Balilty/REUTERS/Pool
REUTERS
Furieuse de la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU condamnant la colonisation, la diplomatie israélienne prend des mesures de rétorsion contre certains pays.
Le gouvernement israélien a subi un revers, vendredi dernier, aux Nations unies, où le Conseil de sécurité a adopté – sans veto américain, c’est une première depuis 1979 – une résolution qui appelle Israël à « cesser immédiatement et complètement toute activité de colonisation en territoire palestinien occupé, dont Jérusalem-Est ». Qu’à cela ne tienne ! Depuis ce week-end, les autorités israéliennes répondent par la provocation en matière diplomatique, et par une surenchère nationaliste sur le front intérieur.

pression sur les pays qui ont voté la résolution

Les ambassadeurs des dix pays qui ont voté la résolution au Conseil de sécurité et qui entretiennent des relations diplomatiques avec Israël ont été convoqués dimanche au ministère des Affaires étrangères. La visite du premier ministre ukrainien, Volodymyr Groïsman, a été reportée sine die. Le Sénégal, lui, sera frappé au porte-monnaie, Benyamin Netanyahou ayant réclamé l’annulation de tous les programmes d’aide en direction de ce pays. Sur la radio militaire, la ministre adjointe aux Affaires étrangères, Tzipi Hotovely, a indiqué qu’Israël avait « temporairement réduit » ses relations diplomatiques avec les pays ayant voté la résolution. Ces derniers ne peuvent pas venir « en Israël pour apprendre sur la lutte antiterroriste, la cyberdéfense, les technologies agricoles et faire ensuite ce qu’ils veulent à l’ONU », fait-elle valoir. Le ministre de la Défense d’extrême droite, Avigdor Lieberman, a, lui, botté en touche la conférence sur la paix organisée à Paris le 15 janvier prochain, estimant qu’elle n’était pas une réunion diplomatique, mais « une version moderne du procès (d’Alfred) Dreyfus avec l’État d’Israël et le peuple juif sur le banc des accusés ».
À l’adresse des Israéliens, Benyamin Netanyahou use de la vulgate nationaliste. Il s’est rendu lundi au mur des Lamentations, haut lieu de culte, à l’occasion d’une fête juive. « Je demande aux pays qui nous ont souhaité un bon Hanoucca comment ils ont pu voter pour une résolution qui dit que ce lieu, où nous célébrons Hanoucca, est un territoire occupé », a-t-il lancé. Bafouant la résolution des Nations unies, le conseil municipal de Jérusalem devrait décider, aujourd’hui, de la construction de 5 600 nouveaux logements destinés aux colons dans la partie orientale de la ville qui, selon le droit international, a vocation à revenir à l’État palestinien.

Grâce à François Hollande, Jacqueline Sauvage est "libre"

Grâce à François Hollande, Jacqueline Sauvage est "libre"

Mercredi, 28 Décembre, 2016
Humanite.fr

afp
Le président de la République a accordé à Jacqueline Sauvage, condamnée à 10 ans de prison pour le meurtre de son mari violent, une grace totale.
Présentée comme un symbole des femmes victimes de violences conjugales, Jacqueline Sauvage, dont le cas avait suscité une intense mobilisation, est sortie de prison mercredi après avoir été graciée par François Hollande, malgré deux décisions de justice opposées à sa libération.
Jacqueline Sauvage, qui avait fêté mardi son 69e anniversaire à la prison de Réau où elle était détenue pour le meurtre de son mari violent, n'y passera pas le Nouvel An: elle est sortie libre peu avant 18H30 de ce centre pénitentiaire de Seine-et-Marne, au sud-est de Paris, à bord d'une voiture qui ne s'est pas arrêtée devant les nombreux journalistes présents.
"Elle a eu le plus beau des cadeaux d'anniversaire", a commenté sur BFMTV l'une de ses avocates, Janine Bonaggiunta, saluant le "geste très fort" du président Hollande. Sans préciser où se rendait sa cliente, son avocate a expliqué qu'elle pourrait vivre "chez l'une ou chez l'autre" de ses filles, "vendre sa maison" et "s'adonner à ses loisirs" tels le jardinage ou la peinture.
 
La grâce totale avait été annoncée par l'Élysée dans l'après-midi par communiqué: "Le président de la République a estimé que la place de Madame Sauvage n'était plus aujourd'hui en prison, mais auprès de sa famille."
Son autre avocate, Nathalie Tomasini, s'est dite "terrassée par la joie et l'émotion" après avoir "porté ce dossier à bout de bras" pendant "un an de travail acharné".
"C'est le fruit de l'union de toutes les associations féministes et, plus largement, de la mobilisation massive qui a eu lieu", s'est félicité Osez le Féminisme.
 
"J'en pleure, c'est merveilleux", a réagi Carole Marot, l'une de ses filles. alors qu'elle était en route pour aller chercher sa mère à sa sortie de prison. 
 
François Hollande avait déjà graciée partiellement le 31 janvier, cette femme condamnée à dix ans de prison pour le meurtre de son mari violent, tué de trois coups de fusil dans le dos en 2012, lui permettant de demander une libération conditionnelle. Mais cette demande avait été rejetée en première instance, puis en appel.
 
Après ces deux rejets, les filles de Jacqueline Sauvage avaient déposé début décembre une demande de grâce. Le chef de l'État a finalement décidé, "après avis du ministre de la Justice", de lui accorder "une remise gracieuse du reliquat de sa peine d'emprisonnement", ce qui n'efface pas la condamnation.
 
La demande de grâce avait été relayée par un comité de soutien présidé par la comédienne Éva Darlan, mais aussi par le candidat à la primaire socialiste Benoît Hamon.
 
Le geste présidentiel a fait consensus dans la classe politique, de Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon, en passant par Manuel Valls ou le camp de François Fillon, qui ont tous salué la nouvelle.
Valérie Boyer, porte-parole du parti Les Républicains et membre du comité de soutien, a renouvelé son souhait qu'aboutisse sa proposition de loi, déposée au printemps et qui vise à ce que les situations d'emprise soient prises en compte. Selon elle, Jacqueline Sauvage subissait l'emprise "physique", "économique", "sexuelle" et "morale" de son mari et "c'est le cas de bien des femmes".
 
La justice avait pourtant par deux fois refusé une libération conditionnelle. Après le tribunal d'application des peines de Melun, qui avait reproché à Jacqueline Sauvage "de ne pas assez s'interroger sur son acte", la cour d'appel de Paris avait estimé à son tour qu'elle peinait à accéder à un "authentique sentiment de culpabilité" et qu'elle continuait "à se poser en victime", confortée par la mobilisation en sa faveur.
L'Union syndicale des magistrats, majoritaire dans la profession, a d'ailleurs dénoncé un geste "très hypocrite", par lequel le chef de l'Etat "piétine allègrement" sa promesse de respecter l'indépendance de la justice.
Lors des procès, en octobre 2014 puis en appel en décembre 2015, les trois filles de Jacqueline Sauvage avaient témoigné à charge contre leur père, expliquant avoir été violées et battues, comme l'avait été leur mère.
Dans cette affaire, le président Hollande aura donc fait usage à deux reprises d'un droit de grâce qu'il proposait de supprimer dix ans plus tôt, lorsqu'il était premier secrétaire du PS, jugeant alors "pas normal, dans une démocratie, que l'un d'entre nous, fût-il élu au suffrage universel, puisse disposer de la possibilité de lever une condamnation".

Le procès de l’écrivaine Asli Erdogan, ou la farce d’un apprenti dictateur


Le procès de l’écrivaine Asli Erdogan, ou la farce d’un apprenti dictateur

Jeudi, 29 Décembre, 2016
L'Humanité
asli erdogan est détenue depuis le 17/août à la priso n pour femmes de Barkirköy, à Istanbul. Depuis, une vague de solidarité, qui dépasse largement le monde de la culture, s’est constituée. photo mehmet kacmaz/nar/rea
asli erdogan est détenue depuis le 17/août à la priso n pour femmes de Barkirköy, à Istanbul. Depuis, une vague de solidarité, qui dépasse largement le monde de la culture, s’est constituée. photo mehmet kacmaz/nar/rea
Mehmet KACMAZ/NAR PHOTOS-REA
L’écrivaine comparaît aujourd’hui avec huit autres intellectuels turcs. En soutien, Ses textes sont lus à haute voix à l’étranger.
Asli Erdogan a l’oppression  inscrite dans la chair. Dans son autoportrait que nous publions aujourd’hui, la romancière turque explique comment les idéaux d’émancipation ont toujours valu à sa famille la répression et l’enfermement. Devenue adulte et brillante physicienne, c’est grâce à l’écriture qu’Asli Erdogan parviendra à toucher du doigt la liberté dans un pays où l’armée reste une institution. Aux mains du sultan Erdogan, la Turquie d’aujourd’hui emprisonne de nouveau tous ceux qui ont l’égalité chevillée au corps. Pour avoir dénoncé la guerre au Kurdistan et l’état de siège dans lequel vit son pays depuis le coup d’État avorté du 15 juillet dernier dans le journal d’opposition Özgür Gündem, Asli Erdogan est de nouveau derrière les barreaux. Elle est aujourd’hui citée à comparaître avec huit autres intellectuels devant la 23e chambre de la cour d’assises du palais de justice de Caglayan. Tous risquent la réclusion à perpétuité. Un procès politique à l’abri des regards, que la romancière annonce « kafkaïen ». Aux portes du tribunal, et partout en Europe, la journée sera le point d’orgue d’une mobilisation du monde intellectuel et de tous ceux qui ont compris que la dictature mise en marche par le président Erdogan fait courir des risques au-delà des frontières turques.  

mardi 27 décembre 2016

Thomas Coville bat le record du tour du monde à la voile

Thomas Coville bat le record du tour du monde à la voile

Dimanche, 25 Décembre, 2016
Humanite.fr

AFP
Le navigateur  a réussi un exploit dimanche, en terminant sa traversée en 49 jours, 3 heures, 7 minutes et 38 secondes. Le skipper de Sodebo Ultim' a franchi la ligne d'arrivée virtuelle avec près de huit jours d'avance sur le précédent record.
Le jour de Noël, le marin français de 48 ans a signé un temps de 49 jours, 3 heures, 7 minutes et 38 secondes. Il a franchi la ligne d'arrivée virtuelle, au large d'Ouessant (France) à 16h57 GMT après avoir parcouru 52.597 km (28.400 miles) à la vitesse moyenne de 24,09 noeuds (45 km/h).
Coville améliore de 8 jours, 10 heures, 26 minutes et 28 secondes le temps de référence (57 jours et 13 heures) signé en 2008 par son compatriote Francis Joyon sur le multicoque Idec.
Il n'est attendu à terre à Brest que lundi matin, après une dernière nuit "de décompression" à bord de son maxi-trimaran, où l'a rejoint son équipe.
"Thomas signe un superbe chrono, au terme d'un tour parfaitement négocié. Bravo pour sa performance et pour sa persévérance. Il place, avec ce bateau plus grand et plus toilé que ne l'était mon trimaran Idec, la barre très haute", a réagi dans un communiqué Francis Joyon, qui tente actuellement de battre le record du tour du monde à la voile en équipage et sans escale.
 
Outre ce record du tour du monde en solitaire et sans escale, Coville a signé le 5e meilleur temps de l'histoire pour une circumnavigation d'ouest en est, derrière 4 temps établis par des bateaux en équipage. Le meilleur temps encore jamais égalé est celui de l'équipage emmené par Loïck Peyron en 2012 (45 j 13 h 42 min 53 sec).
La 5e tentative a été la bonne pour Coville, après 2 tours du monde sans record (2008/2009 en 59 j 20 h 47 mn 43 sec et en 2011 en 61 j 05 min 05 sec) et 2 abandons (en 2007/2008 et en 2014).
Il est le troisième marin a établir un record du tour du monde à la voile, en solitaire, en multicoque et sans escale. Le pionnier a été Francis Joyon (Idec) en 2004 (72 j 22 h 54 m 22 sec). La Britannique Ellen MacArthur (B&Q/Castorama) a abaissé le temps en 2005 (71 j 14 h 18 m 33 sec), avant que Joyon reprenne son record en 2008, finalement effacé par Coville.
 
Le secret de la réussite époustouflante de Coville ? Un bateau puissant (31 m de long pour 21 m de large), équipé de foils -appendices latéraux qui permettent de surélever le bateau et de lui faire gagner de la vitesse- et pour la première fois d'un safran (la partie immergée du gouvernail) avec des plans porteurs, qui stabilisent le bateau.
Mais la clé est aussi dans l'expérience de Coville, capable de manoeuvrer une telle machine, particulièrement éprouvante physiquement. Il s'est préparé pendant deux ans, en travaillant son aspect mental, lui qui peinait à se faire confiance.
Même si Coville a placé la barre très haute, des candidats à sa succession se sont déjà fait connaître. François Gabart, vainqueur du Vendée Globe 2012/2013, s'attaquera au record du tour du monde avec son multicoque Macif (30 m) en 2017.
 
 
 
Ce marin éclectique vient de réaliser son 8e tour du monde, dont 4 en solitaire, 6 en multicoque et 2 en monocoque.
Père de 2 enfants, cet ingénieur diplômé est un amoureux de la nature, de la musique et de la littérature.
Tout petit, il s'est découvert une passion pour la mer. Adolescent, il regardait arriver depuis la fenêtre du lycée les voiliers qui se rendaient à Saint-Malo pour prendre le départ de la Route du Rhum.
Après deux victoires sur le Tour de France à la voile, il est de l'aventure du Trophée Jules-Verne aux côtés d'Olivier de Kersauson en 1997. Il gagne la Route du Rhum en monocoque en 1998, puis, associé à Yves Parlier, la Route de l'Or New York-San Francisco, et ensuite la Jacques-Vabre.

"Vive la Sécu", la vague qui secoue le pays

"Vive la Sécu", la vague qui secoue le pays

Sébastien Crépel, Sylvie Ducatteau avec Pierric Marissal et Aurélien Soucheyre
Jeudi, 22 Décembre, 2016
L'Humanité

Succès du film de Gilles Perret La Sociale, échanges entre malades et médecins, sondages… le sursaut contre la casse de la Sécu gagne du terrain.
L’actualité délie parfois les langues des patients dans les salles d’attente des médecins, habituellement plutôt silencieuses. Le docteur Laurence, médecin généraliste en région parisienne, est témoin de ces conversations qui se poursuivent parfois pendant la consultation, quand l’émotion ou les inquiétudes sont trop fortes. Cela a été le cas au lendemain des attentats de 2015, et à nouveau après les annonces de François Fillon concernant la Sécurité sociale. « Toute la semaine des patients m’en ont parlé, confi e la médecin. “Vous avez entendu ?” me disaient-ils. Les retraités étaient les plus inquiets. Ils se demandaient comment cela allait se passer pour eux avec leurs petites pensions. Je les ai sentis perdus, se demandant notamment pour qui voter, vers qui se tourner. »

Le projet Fillon a été « la goutte de trop »

Dans son cabinet, elle reçoit beaucoup d’ouvriers, d’employés, ces couches populaires dont les revenus ne suffisent pas, voire pas du tout, à boucler leurs fins de mois. Ceux qui sont le plus enclins à rogner sur leurs dépenses de santé. « L’accès aux soins est dégradé. L’attente pour obtenir des rendez-vous s’allonge avec les spécialistes, les médecins traitants trop peu nombreux. Même SOS Médecins refuse des patients. À l’hôpital, les soignants sont dans un état de stress incroyable jusqu’à l’évitement des patients. Le système est de plus en plus déshumanisé. On ne fait pas ce boulot pour ça », s’alarme la docteure, pour qui l’annonce du candidat de la droite à la présidentielle de « focaliser l’assurance publique universelle notamment sur les affections graves ou de longue durée (…) et l’assurance privée sur le reste » agit comme « la goutte de trop ».
Cette appréciation est largement corroborée par des enquêtes d’opinion qui, toutes, montrent que la cote d’alerte est largement dépassée pour les candidats qui montrent des velléités de s’en prendre au remboursement des soins par l’assurance maladie, ou, plus généralement, à la Sécurité sociale. Un sondage réalisé sur un panel très large de 18 000 personnes par Ipsos-Sopra Steria pour le Cevipof (centre de recherches de SciencesPo), et publié par le Monde du 15 décembre, place la Sécurité sociale en tête des « notions » auxquelles les Français sont attachés, avec 71 % d’opinions positives, devant les services publics (52 %, en 2e position). Surtout, une autre enquête, réalisée cette fois par Elabe pour les Échos, donne ce résultat étonnant de prime abord : pour 90 % des quelque 1 000 personnes interrogées, il ne serait « pas acceptable » de baisser la dépense publique en matière de santé, cette opposition montant à 57 % pour qui ce ne serait « pas du tout acceptable ». Les réponses concernant les autres domaines dits « régaliens » ou touchant au modèle social sont à l’avenant : retraites (89 % d’opposition à des coupes), sécurité (89 % également), éducation (86 %), justice (82 %).

Même à droite, on refuse la casse de la Sécu

« Quand on en arrive à de tels résultats, ce sont des oppositions majoritaires qui se vérifi ent dans toutes les catégories de population et quelle que soit la préférence partisane », relève le directeur des études politiques d’Elabe, Yves-Marie Cann. Ainsi, les électeurs de droite et du centre se montrent tout aussi hostiles que le reste de la population à des coupes dans les dépenses du système public de santé, puisque seuls 10 % d’entre eux jugent celles-ci « acceptables ».

solidarité. Un colis revendicatif à Noël

solidarité. Un colis revendicatif à Noël

Olivier Morin
Mardi, 27 Décembre, 2016
L'Humanité

Un colis pour rappeler aux 850 employés de l’usine sidel d’Octeville-sur-Mer (Seine-Maritime) les luttes de l’année, commencées fin 2015.
Un colis pour rappeler aux 850 employés de l’usine sidel d’Octeville-sur-Mer (Seine-Maritime) les luttes de l’année, commencées fin 2015.
Thé 1336, madeleines Jeannette, DVD de Merci patron, etc. Le CE de l’usine Sidel d’Octeville-sur-Mer offre aux salariés des étrennes de lutte.
« Le CE (comité d’entreprise), c’est pas seulement des places de cinéma et des chèques Cadhoc », sourit Manuel Rodriguez, ouvrier de la production et délégué syndical CGT chez Sidel à Octeville-sur-Mer (Seine-Maritime). Et pour cause, pour la première fois, le CE de cette usine, dont les salariés fabriquent des machines à embouteiller, a décidé de distribuer un « colis de Noël revendicatif » aux 850 employés. Des boîtes de thé 1336, des madeleines Jeannette, un CD du groupe Red Lezards, venu jouer pour soutenir les salariés en lutte, le DVD du film Merci patron et le livre Remporter la bataille des idées. « Un colis pour rappeler les luttes de l’année qui ont d’ailleurs commencé chez Sidel fin 2015, quand la direction nous a annoncé un plan social », explique Reynald Kubecki, secrétaire adjoint du CE et délégué du personnel.
Il y a près d’un an, un piquet de grève se montait dans la cour de cette usine, peu habituée aux mouvements sociaux, afin d’empêcher la direction de licencier 200 personnes et d’en changer 80 de poste. Sous les tentes et autour des feux de palettes alimentés jour et nuit, c’est une véritable solidarité qui s’est nouée entre les salariés durant cette lutte qui a fait fléchir la direction. Cette dernière imposant tout de même 25 à 27 départs contraints et 70 départs « volontaires ». Contre la loi travail aussi, les Sidel se sont mobilisés, apportant leur pierre aux cortèges imposants du Havre, dockers en tête.
C’est que le CE a aussi un rôle militant et notamment économique, « pas forcément perçu par les salariés dans beaucoup de boîtes », estime Reynald Kubecki, qui est aussi secrétaire de l’union locale CGT. Pour distribuer les colis, les militants CGT, dont le syndicat est majoritaire au CE, ont donc monté une nouvelle fois les tentes dans la cour de l’usine pour l’occasion. Durant toute une journée, plus de 700 salariés sont venus partager une tasse de café ou un verre de vin chaud avec les militants et les élus du CE. Reynald Kubecki confie : « On ne savait pas comment ce colis allait être reçu, mais le nombre de salariés qui sont venus le chercher durant cette journée nous a offert une bonne surprise. On a même vu des collègues qui étaient contents de se retrouver dans cette ambiance, avant même d’ouvrir leurs colis. » Et le syndicaliste d’ajouter : « Nous n’avons eu que des retours positifs jusqu’à présent. » À l’image de ce salarié qui remercie le CE : « Un colis que nous avons beaucoup apprécié à la maison », ou cet autre : « Je viens de voir le DVD, il est génial ! »

Un pied de nez à la direction

En mariant le thé fabriqué par la Scop-Ti du nom des 1 336 jours de lutte pour reprendre le site aux madeleines Jeannette dont l’usine a été sauvée de la liquidation judiciaire par les salariés, c’est bien l’idée que « rien n’est joué d’avance », que « notre force, c’est nous tous », comme l’écrivent les salariés élus au CE dans la lettre qui accompagne le colis, qui est aussi réaffirmée. Et peut-être aussi un pied de nez à la direction et aux « caprices des actionnaires qui maintiennent leur plan social alors que la santé financière de l’entreprise est telle qu’on atteint le plafond de la prime à l’intéressement cette année », révèle Werner Le Doaré, élu CGT au CHSCT de Sidel.

Nettoyage. Chez Samsic, à Lyon, elles refusent d’être des serpillières

Nettoyage. Chez Samsic, à Lyon, elles refusent d’être des serpillières

Loan Nguyen
Lundi, 26 Décembre, 2016
L'Humanité

la Part-Dieu, plus grand centre d’achat urbain d’Europe, veut que son image de marque reste aussi immaculée que ses lieux d’aisance. pHOTOPQR/LE PROGRES/AUGROS PIERRE/LYON
la Part-Dieu, plus grand centre d’achat urbain d’Europe, veut que son image de marque reste aussi immaculée que ses lieux d’aisance. pHOTOPQR/LE PROGRES/AUGROS PIERRE/LYON
PHOTOPQR/LE PROGRES
Les employées de la société qui assure le nettoyage des toilettes du vaste centre commercial de la Part-Dieu ont gagné, jeudi, la requalification de leurs statuts après une nouvelle action coup de poing, ce qui se traduit par une hausse de salaire d’environ 600 euros par an.
Au milieu du ronron bien huilé de la foule d’acheteurs de Noël qui se pressent sous les guirlandes bariolées dans les allées du centre commercial de la Part-Dieu, à Lyon, une scène interpelle les passants. Devant l’Apple Store, un petit groupe scandant « So-so-so-Solidarité avec les salariés ! » armé de balais, de brosses à WC et de gants en latex, brise la monotonie des chansons de Noël lénifiantes qui dégoulinent des haut-parleurs. En soutien aux femmes de ménage qui nettoient les toilettes du centre commercial et qui revendiquent depuis le mois d’octobre de meilleures conditions de travail, un joyeux maelström d’étudiants, de salariés, de retraités aux côtés de diverses organisations (CNT-SO, CGT, Unef, Mouvement jeunes communistes, Mouvement des jeunes socialistes, Parti de gauche, le réseau d’appui à l’organisation transnationale des travailleurs face aux grandes entreprises ReAct, Femmes égalité, et des militants de la Confédération paysanne…) ont manifesté jeudi soir en plein cœur de la Part-Dieu.

« Dès qu’on a commencé à défendre nos droits, ça s’est mal passé »

Mais pas moyen pour les clients de les rejoindre : une dizaine d’agents de sécurité, épaulés de quelques fonctionnaires de police, ont enfermé la trentaine de protestataires derrière des cordons infranchissables. Même en tant que journaliste titulaire de la carte de presse, il nous faudra une grosse demi-heure et de longs pourparlers avec le service de communication du site pour avoir simplement accès au rassemblement. Les manifestants avaient d’ailleurs dû user de ruse pour s’introduire dans la galerie commerciale sans se faire repérer : le mot d’ordre était de rentrer par petits groupes, le lieu de rassemblement final avait été communiqué au dernier moment. « On a vu les agents de sécurité tourner toute la journée avec des talkies-walkies en suivant les femmes de ménage », raconte Emma, membre du ReAct.
C’est que la Part-Dieu, plus grand centre d’achat urbain d’Europe, tient à ce que son image de marque reste aussi immaculée que ses lieux d’aisance. « On nous rappelle toujours qu’on est dans un centre commercial quatre étoiles. Dès qu’il y a la moindre goutte d’eau sur un lavabo, on doit l’essuyer, sinon on a un chef sur le dos », raconte Sylvie (1), salariée chez Samsic, entreprise de nettoyage sous-traitante de la Part-Dieu, depuis dix-huit ans et syndiquée CNT-SO. Comme elle, nombre de ses treize collègues sont en lutte depuis deux mois pour obtenir l’amélioration de leurs conditions de travail, des renforts et des hausses de salaire. « Le ras-le-bol a vraiment monté à partir de septembre, avec la rénovation des toilettes : leur nombre a augmenté mais pas les effectifs. Maintenant, on est une seule femme de ménage pour dix toilettes. Et il faut en plus aider les clients à se servir des bornes », poursuit Sylvie. « Dès qu’on a commencé à défendre nos droits, ça s’est mal passé », lâche Linda, qui ne voudra plus entendre parler ni de Samsic ni de nettoyage à la fin de son CDD. « Pendant un an, je n’arrivais jamais à avoir mes contrats, ça posait des problèmes pour les inscriptions à Pôle emploi ou pour avoir un logement », explique la salariée, qui a effectué plusieurs contrats courts dans l’entreprise.

les manifestants sont escortés jusqu’à l’extérieur par des vigiles

Cerise sur le gâteau : une dizaine de jours après leur première mobilisation mi-octobre – un blocage des toilettes rebaptisé avec humour « shit-in » –, la représentante de la section syndicale a été mise à pied puis licenciée pour faute grave. « On m’a juste dit que je faisais mal mon travail », affirme l’ex-salariée, qui a lancé avec son organisation une procédure en référé pour obtenir sa réintégration. « Samsic n’a même pas pris la peine de demander l’autorisation de l’inspection du travail, car ils contestent son mandat de salariée protégée », explique Marielle Benchehboune, organisatrice syndicale CNT-SO, qui dénonce une manœuvre « de répression ».
Pendant que leurs soutiens manifestent bruyamment dans la galerie commerçante, une délégation de femmes de ménage négocie avec la direction de Samsic. Après avoir levé le camp devant l’Apple Store, les manifestants sont escortés jusqu’à l’extérieur du centre commercial par des vigiles pour attendre le compte rendu de la négociation. « La direction a accepté de nous fournir des gants à notre taille, de nous donner les contrats, et de nous installer une machine à laver, parce que jusqu’à maintenant on devait laver les serpillières à la main ! » rapporte Linda. Mais surtout, les salariées ont gagné la requalification de leur statut à compter du 1er janvier pour tenir compte des tâches d’accueil qu’elles doivent assumer en plus du nettoyage : « Soit une augmentation de salaire qui représente environ 600 euros par an », résume Marielle Benchehboune. De quoi passer de très joyeuses fêtes pour ces femmes qui ne gagnent que 1 000 euros par mois environ pour 33 heures de travail hebdomadaire. Pourtant, le groupe breton n’a rien d’une PME : sa seule filiale propreté compte 47 000 salariés en Europe pour un chiffre d’affaires annuel de 580 millions d’euros. Le donneur d’ordres, le centre commercial de la Part-Dieu, est quant à lui propriété du mastodonte de l’immobilier commercial Unibail-Rodamco, qui a engrangé 575 millions d’euros de résultat net au premier semestre 2016.

La Russie pleure les disparus de la mer Noire

La Russie pleure les disparus de la mer Noire

Lundi, 26 Décembre, 2016
Humanite.fr

Reuters
La Russie a observé une journée de deuil, lundi, au lendemain de la catastrophe aérienne qui a coûté la vie à 92 personnes en mer Noire, où les opérations de recherche ont été étendues pour retrouver les corps des occupants de l'avion et la boîte noire.
Les drapeaux ont été mis en berne lundi à travers le pays et des gerbes ont été déposées à l'aéroport de Sotchi et devant le siège moscovite de la troupe musicale Alexandrov de l'armée russe au lendemain du crash de l'appareil, un Tupolev-154 du ministère russe de la Défense, qui acheminait vers la Syrie une soixantaine de chanteurs, danseurs et musiciens des Choeurs de l'Armée rouge, censés divertir les troupes russes à l'occasion des fêtes de fin d'année.

Neuf journalistes russes étaient aussi au nombre des occupants ainsi que plusieurs militaires et Elizaveta Glinka, personnalité du conseil russe des droits de l'homme.
Onze corps ont déjà été récupérés jusqu'à présent et  les opérations de recherche maritimes et aériennes, qui engagent 3.500 personnes, sont prolongées. Quarante-cinq navires, cinq hélicoptères, des drones et plus de 100 plongeurs y participent. Des plongeurs et des submersibles explorent les fonds à 1,5 km au large de Sotchi, la ville du sud de la Russie d'où l'avion avait décollé dimanche matin. Quatre petites pièces de fuselage ont été retrouvées à 27 mètres de profondeur, a rapporté l'agence RIA, mais les forts courants et les hauts fonds compliquent les recherches.
Le ministre des Transports, Maxime Sokolov, a déclaré à la presse lundi qu'une erreur humaine ou une défaillance technique étaient les explications les plus probables de la catastrophe. Le Kremlin a souligné de son côté que la piste terroriste n'était nullement privilégiée.  
Le FSB, le service d'enquête fédéral, a dit examiner quatre pistes de travail: celle d'un objet étranger qui se serait glissé dans un réacteur, celle d'un carburant de mauvaise qualité qui aurait provoqué une panne de moteur, celle d'une erreur de pilotage et celle d'une défaillance techniquede l'avion, fabriqué en 1983.