jeudi 28 janvier 2016

Stélios Kouloglou. "La Commission est bien consciente qu’on ne peut pas ériger un mur dans la mer"


Stélios Kouloglou. "La Commission est bien consciente qu’on ne peut pas ériger un mur dans la mer"

PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-JACQUES RÉGIBIER
MERCREDI, 27 JANVIER, 2016
HUMANITE.FR
Lors de la réunion des ministres de l’intérieur européens hier à Amsterdam, plusieurs pays ont accusé la Grèce d’être largement responsable de la crise des migrants en Europe. Le député européen Stélios Kouloglou (GUE/GVN ), membre de Syrisa, réagit à ces accusations, prélude, selon lui, à de nouvelles mesures coercitives contre la Grèce. 
Selon Janis Muzalas, le ministre grec des Migrations, l’ambiance était très tendue hier à Amsterdam, lors de la réunion des ministres de l’Intérieur européens qui débattaient des mesures à prendre face à l’afflux des réfugiés en Europe. Au point de provoquer certains dérapages. A la question posée par le ministre grec : « qu’est-ce qu’on fait quand un bateau chargé de migrants arrive sur nos côtes ? » Theo Franken, le ministre belge ( nationaliste flamand ) aurait répondu : «  Rejetez-les à la mer, je m’en moque si vous les noyez! » Aujourd’hui, l’intéressé a démenti ces propos, mais l’histoire en dit long sur l’ambiance délétère qui règne en Europe sur la question des migrants, la Grèce étant désormais accusée par certains pays, aiguillonnés par les groupes politiques d’extrême droite, d’être responsable de la crise. Stélios Kouloglou, député européen et membre de Syriza conteste ces accusations.
 
Pourquoi la Grèce se trouve-t-elle aujourd’hui la cible de certains pays européens dans la crise des migrants ?
Stélios Kouloglou. C’est un plan orchestré depuis plusieurs mois par Angela Merkel et qu’elle a développé graduellement, profitant des agressions de la nuit de la Saint-Sylvestre à Cologne pour accuser maintenant ouvertement la Grèce de ne pas protéger ses frontières. Est visée tout spécialement la frontière avec la Turquie, par laquelle arrivent la plupart des migrants venus d’Irak, de Syrie ou d’Afghanistan. C’est complètement absurde. La frontière avec la Turquie, c’est la mer ! Et en face de la côte turque, des dizaines d’iles grecques sur lesquelles échouent les migrants. Comment peut-on faire pour les empêcher d’arriver ? Quand une barque surpeuplée avec des femmes et des enfants à bord, approche des côtes grecques, celles de l’île de Lesbos par exemple, qu’est-ce qu’on fait, on leur tire dessus ? C’est absolument contraire à toutes les lois internationales.
 
Qui partage cette accusation en Europe ?
Stélios Kouloglou. Les partis d’extrême-droite européens et les gouvernements ultra-conservateurs comme celui du premier ministre Viktor Orban en Hongrie, sont particulièrement actifs pour pointer la Grèce du doigt et la rendre responsable  de la crise des migrants. A la réunion des ministres de l’Intérieur européens hier à Amsterdam, Theo Francken ( le secrétaire d’état belge à l’Asile et à la Migration, N-VA, parti nationaliste flamand NDLR ) a proposé que la Grèce construise un camp de réfugiés pour 400 000 personnes ! C’est une blague !
 
Quelle est la position de la Commission européenne ?
Stélios Kouloglou. La Commission est bien consciente qu’on ne peut pas ériger un mur dans la mer, mais ça ne l’empêche pas d’accuser la Grèce de ne pas avoir fait ce qu’il faut pour protéger les frontières de l’Europe. Hier, Janis Muzalas ( ministre grec pour les migrations NDLR ) a contesté les chiffres présentés par l’Europe. Selon lui, ces chiffres ne correspondent pas à la situation actuelle mais à ce qui se passait en novembre, en matière de contrôle des migrants. Selon lui, la situation aujourd’hui s’est beaucoup améliorée.
 
Les moyens que l’Europe donne à la Grèce, dans le cadre de Frontex, pour faire face à l’arrivée des migrants, sont-ils suffisants ?
Stélios Kouloglou. Pas du tout. L’Europe avait promis 36 bateaux pour surveiller les côtes grecques, nous n’en avons reçu que 18. Même chose pour les machines destinées à enregistrer les nouveaux arrivants, la moitié n’a pas été livrée. Quand au personnel affectée à Frontex, 1800 personnes étaient prévues, mais là encore, seule la moitié a pour l’instant été déployée sur place. Et d’après les informations qui nous ont été communiquées, les personnels de Frontex ne travaillent chaque jour que jusqu’à 14h, et pas le week-end ! C’est ridicule.
 
Comment interprétez-vous ces nouvelles menaces que fait planer l’Europe sur la Grèce, à propos de la crise des migrants cette fois-ci ?
Stélios Kouloglou. C’est une situation qui ressemble beaucoup à la crise qu’on a connu au cours de l’été dernier. Ce qui est en train de se préparer, c’est que l’Europe va demander à la Grèce d’accepter des centaines de milliers de réfugiés sur son territoire en échange d’un rééchelonnement de la dette. Or, la situation économique reste dramatique en Grèce, avec un chômage à 25%, plus encore chez les jeunes. L’arrivée de migrants va encore plus fragiliser le pays, surtout si la frontière du nord avec la Macédoine est fermée, enfermant les migrants en Grèce. Ce sont les partis d’extrême-droite comme Aube Dorée qui risquent de profiter de la situation. Je suis très pessimiste car le gouvernement grec a peu de moyens pour négocier avec l’Europe.

Etat d’urgence, les droits des citoyens devant les mesures prises


Etat d’urgence, les droits des citoyens devant les mesures prises

MISE A JOUR
DANIEL ROUCOUS
JEUDI, 28 JANVIER, 2016

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AFP/Alain Jocard
Récapitulation des mesures imposées par l’état d’urgence et des droits juridiques des citoyens qui y sont confrontés ou peuvent l’être. Les arrêts du Conseil d'Etat.

L’état d’urgence jusqu’à quand ?

Pour l’instant l’état d’urgence est instauré jusqu’au 26 février 2016.
Le gouvernement projette de le prolonger 3 autres mois pour porter sa durée à 6 mois. Pour cela il a transmis au Conseil d’Etat, pour avis, un projet de loi constitutionnelle.
Une loi constitutionnelle est une loi qui permet de modifier la Constitution. Dans le cas présent, il s’agit pour le gouvernement d’ajouter à l’article 36 un article 36-1. L’article 36 actuel dit simplement : « l’état de siège (état d’urgence) est décrété en Conseil des ministres. Sa prorogation au-delà de 12 jours ne peut être autorisée que par le Parlement » (par une loi comme ça a été le cas avec la loi du 20 novembre 2015 modifiant la loi du 3 avril 1955 relative à l’état d’urgence).
L’article 36-1 vise à instaurer un état d’urgence d’une durée de 6 mois. Voici ce qu’il dit : « L’état d’urgence est décrété en conseil des ministres soit en cas de péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public, soit en cas d’événements présentant, par leur nature et leur gravité, le caractère de calamité publique. La loi fixe les mesures de police administrative que les autorités civiles peuvent prendre, sous le contrôle du juge administratif, pour prévenir ce péril ou faire face à ces évènements.
La prorogation de l’état d’urgence au-delà de douze jours ne peut être autorisée que par la loi. Celle-ci en fixe la durée.
Lorsque le péril ou les événements ayant conduit à décréter l’état d’urgence ont cessé mais que demeure un risque d’acte de terrorisme, les autorités civiles peuvent maintenir en vigueur les mesures prises en application du premier alinéa pendant une durée maximale de six mois. La loi peut permettre, pendant la même durée, aux autorités civiles de prendre des mesures générales pour prévenir ce risque".
On en sera plus après le Conseil des ministres du 23 décembre.

Quelles sont les mesures prises ?

Les mesures prononcées par le ministre de l’Intérieur sous contrôle du juge administratif :
- l’assignation à résidence de toute personne dont le comportement  constitue une menace pour la sécurité et l’ordre public,
- la dissolution des associations et groupements qui participent à la commission d’actes portant atteinte grave à l’ordre public ou dont les activités la facilitent ou y incitent ET qui comprennent en leur sein ou parmi leurs relations habituelles, des personnes assignées à résidence,
- les perquisitions en tout lieu, y compris à domicile, de jour comme de nuit, sauf dans un lieu affecté à l’exercice d’un mandat parlementaire ou à l’activité professionnelle des avocats, des magistrats et des journalistes (autrement dit dans un journal). A propos, la loi de 1955 prévoyait le contrôle de la presse et des médias. Ce qui n’est plus le cas pour l’instant.
- toute mesure pour contrôler et bloquer les sites Internet faisant l’apologie du terrorisme ou incitant à des actes terroristes. A cet effet attention à vos propos en public ou sur la toile comme vous pouvez le lire surhttp://www.humanite.fr/attention-vos-propos-en-public-et-sur-la-toile-589926
- la surveillance des communications électroniques internationales tant sur les connexions que sur les correspondances (loi n° 2015-1556 du 30 novembre 2015).
Les mesures que peuvent prendre les préfets au moyen d’un arrêté :
- interdire toute manifestation sur la voie publique. C’est le cas actuellement à Paris jusqu’au 13 décembre dans le cadre de la COP 21.
L’état d’urgence en lui-même n’interdit pas les manifestations dans la mesure où le préfet n’a pas pris un arrêté à cet effet.
- perquisitionner en tout lieu dans les mêmes conditions que pour le ministre de l’Intérieur telles qu’indiquées ci-dessus.
- assigner à résidence toute personne dont le comportement  constitue une menace pour la sécurité et l’ordre public,
- ordonner la remise des armes et munitions y compris les fusils de chasse jusqu’à la fin de l’état d’urgence (article 4-5° de la loi du 20 novembre 2015).
- interdire, par arrêté, la circulation des personnes et des véhicules dans les lieux et aux heures fixés,
- instituer, par arrêté, des zones de protection ou de sécurité où le séjour de personnes désignées est réglementé,
- interdire le séjour dans tout ou partie du département à toute personne cherchant à entraver, de quelque manière que ce soit, l’action des pouvoirs publics (là tout le monde est concerné),
- ordonner, par arrêté, la fermeture provisoire des salles de spectacles, débits de boissons et lieux de réunion de toute nature (stades, foires, fêtes etc.),
- interdire, par arrêté, à titre général ou particulier, les réunions de nature à provoquer ou à entretenir le désordre,
- interdire, par arrêté, la vente au détail des combustibles domestiques et de produits pétroliers dans tout récipient transportable ainsi que leur transport par des particuliers. C’est le cas en Ile-de-France jusqu’au 13 décembre inclus et dans les Pyrénées-Orientales jusqu’à la fin de l’état d’urgence. Seules les bouteilles de butane et de propane sont autorisées !  Interdiction également de la vente de feux d’artifices et tous articles pyrotechniques. C’est également le cas en Isère.

Est-ce à dire que les manifestations sont interdites ?

Non dans la mesure, vous l’avez lu, où un arrêté du préfet ne les interdisent pas.
Ceci est valable pour tout rassemblement de personnes sur la voie ou dans les lieux publics.

Que risque-t-on de passer outre l’interdiction de manifester ?

Vous manifestez alors que c’est interdit ou vous ne respectez pas un arrêté du préfet, vous risquez la garde à vue pour infraction. Celle-ci peut déboucher sur la relaxe ou sur une amende voire un emprisonnement dans les cas les plus graves mais c’est au procureur de la République d’en décider.
C’est arrivé dimanche dernier à des personnes qui faisaient la chaîne humaine dans le cadre de la COP 21.

Quels sont les droits des personnes en garde à vue ?

Une notification des droits doit être immédiatement remise à la personne en garde à vue par un officier de police judiciaire. Cette notification ou déclaration des droits est téléchargeable icihttp://www.justice.gouv.fr/publication/gav/forms/form_FR/form1_FR.pdf
Dans le même temps la police ou la gendarmerie doit obligatoirement en aviser le Procureur de la République qui est le seul à même de décider l’abandon des poursuites ou la remise d’une convocation à une audience ultérieure pour répondre des faits pour lesquels le gardé à vue a été arrêté.
Dans ce dernier cas un avocat est indispensable. Ceux qui n’ont pas les moyens peuvent bénéficier de l’aide juridictionnelle comme indiqué icihttp://www.humanite.fr/laide-juridique-qui-peut-en-beneficier-et-comment-584718
Y penser : le gardé à vue a droit à appeler ou faire prévenir un proche et surtout son employeur. C’est important car ne pas justifier son absence du travail est une faute grave qui peut mettre en route une procédure de licenciement.
Attention la garde à vue n’est pas en soi un motif de licenciement ou de sanction par l’employeur.
La garde à vue est de 24 heures au plus. Elle peut être prolongée de 24 heures soit 48 heures au plus seulement si le Procureur de la République ou le juge d’instruction le décide. Ce n’est pas aux policiers ni aux gendarmes de décider.
Précisions que la garde à vue (GAV) démarre à partir du contrôle et de la vérification d’identité au poste de police ou de gendarmerie.

Peut-on refuser de donner ses empreintes digitales ?

Lors de la garde à vue, un policier ou un gendarme est chargé de contrôler l’identité et de relever les empreintes digitales. Ces empreintes sont enregistrées sur un fichier dans lequel elles sont conservées de 25 à 40 ans selon les cas… même si aucune condamnation n’est prononcée.
Le gardé à vue et donc fiché.
Normalement le policier doit avoir l’accord de la personne mais le fait de refuser la prise d’empreinte est une infraction passible d’une contravention plus ou moins sévère.- article 55-1 du code de procédure pénale ci-jointhttp://www.legifrance.gouv.fr/affichCode
Les policiers peuvent également faire un prélèvement d’ADN (article 706-54 du code de procédure pénale).

La garde à vue figure-t-elle sur le casier judiciaire ?

Non ! La garde à vue ne figure pas sur le casier judiciaire. Pour que ce soit le cas, il faut un jugement et encore, le juge doit décider si cette mention est portée sur le casier judiciaire.
Vous pouvez demander un extrait de casier judiciaire en ligne sur le site sécurisé du ministère de la justicehttps://www.cjn.justice.gouv>.fr/cjn/b3/eje20

Fouilles et palpations y-a-t-il des règles ?

En théorie oui, en pratique c’est une autre histoire. Toujours est-il que les fouilles et palpations à l’entrée des lieux accueillant du public sont réglementées, état d’urgence ou pas. Pour connaître ces règles cliquez sur http://www.humanite.fr/etat-durgence-fouilles-et-palpations-il-y-des-regles-590506
Dans le cadre d’une garde à vue, la fouille est plus prononcée mais réglementée par les articles 63-5 à 63-7 du code de procédure pénale. Les policiers doivent s’assurer que la personne n’a aucun objet dangereux sur elle et lui retirent tout objet qui pourrait la blesser (lacets de chaussures, cordons de vêtement, ceintures, cravates, certains vêtements comme les soutiens-gorges, briquets, allumettes, sacs, bijoux, chaines, médailles etc.). Il est alors établi un procès-verbal que le gardé à vue doit signer après s’être assuré que tous ses objets ont été inventoriés.
Les fouilles corporelles sous les vêtements et internes doivent être faites par un officier de police judiciaire du même sexe, dans une pièce isolée. Quant aux fouilles en profondeur (anus, vagin), elles doivent se faire en présence d’un médecin.
La personne fouillée à droit au respect et à la dignité.

Quelles règles en cas d’assignation à résidence ?

D’abord l’assignation à résidence concerne « toute personne à l’égard de laquelle il existe des raisons sérieuses de penser que son comportement constitue une menace pour la sécurité et l’ordre public ».- article 6 de la loi du 3 avril 1955.
Ca ne concerne donc pas que les terroristes ou celles et eux qui en font l’apologie.
Cette assignation est assortie de prescriptions qui consistent à :
- se présenter périodiquement aux services de police ou de gendarmerie, selon une fréquence déterminée par le ministre de l’Intérieur ou le préfet dans la limite de 3 présentations par jours,
- remettre à la police ou à la gendarmerie du passeport ou de tout document justifiant l’identité en échange d’un récépissé (accusé de réception),
- interdire d’être en relation, directe ou indirecte, avec certaines personnes nommément désignées dont il existe des raisons sérieuses de penser que leur comportement constitue une menace pour la sécurité et l’ordre publics. Cette interdiction doit être levée dès qu’elle n’est plus nécessaire.
Ces prescriptions doivent être notifiées par écrit à l’intéressé.

Quels droits pour les personnes perquisitionnées ou assignées ?

- les forces de l’ordre doivent leur remettre l’ordre de la décision de perquisition ou d’assignation. Il convient d’examiner attentivement les motifs invoqués par l’autorité administrative,
- si la décision est infondée saisir, dans les 48 heures, le Tribunal administratif pour faire annuler la décision de perquisition d’assignation à résidence.
Si des dégâts ont été faits lors de la perquisition (porte fracturée, mobilier endommagé) demander une indemnisation au service des affaires juridiques de la préfecture ou à celui du ministère de la justice.
Ne pas oublier d’avertir son employeur en cas d’assignation et de transmettre dès que possible un justificatif pour ne pas perdre son boulot. En effet, une absence non justifiée peut être considérée comme une faute grave justifiant la mise en route d’une procédure de licenciement.

Comment être indemnisés des dégâts occasionnés par la police ?

Que ce soit lors d’une perquisition, d’un échange de tirs entre les forces de l’ordre et les terroristes, d’une manifestation etc., l’Etat est civilement responsable des dégâts causés par la police ou la gendarmerie tant aux personnes qu’à leurs biens (porte fracassée, logement dévasté etc.).- article L211-10 du code de la sécurité intérieure téléchargeable icihttp://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do
Pour se faire indemniser, sauf si le contrat d’assurance le prévoit (c’est rare) – relire le contrat ou appeler l’assureur, il faut s’adresser soit au service des affaires juridiques et du contentieux de la préfecture soit au même service du ministère de la Justice https://lannuaire.service-public.fr/gouvernement/administration-centrale-ou-ministere_178229

Que dit le Conseil d'Etat ?

- sur les mesures prises depuis la déclaration de l’état d’urgence
- sur l'assignation à résidence, les arrêts du Conseil d’Etathttp://www.conseil-etat.fr/Actualites/Communiques/Assignation-a-residence2
- sur la demande de la Ligue des droits de l’Homme http://www.conseil-etat.fr/Actualites/Communiques/Etat-d-urgence

Plus d'infos et références
- loi du 2 avril 1955 relative à l’état d’urgence modifiée par la loi du 20 novembre 2015
- loi du 30 novembre 2015 relative aux mesures de surveillance des communications électroniques internationales
- faire appel au Défenseur des droits
- les règles de la garde à vue : articles 62-2 à 77 du code de procédure pénale téléchargeable sur http://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do
- le CIDJ (Centre d’information de la jeunesse) à propos de la garde à vue
- le droit d’accès au TAJ sur le site de la CNIL
- tout sur les fichiers de police
https://youtu.be/wZQEH2nuQNI

Christiane Taubira. «Parfois, résister c'est partir"


Christiane Taubira. « Parfois, résister c’est partir »

MERCREDI, 27 JANVIER, 2016
L'HUMANITÉ
Christiane Taubira a présenté  hier sa démission au chef de  l’État, le jour de la présentation  par Manuel Valls de la révision  de la Constitution sur l’extension  de la déchéance de nationalité. « Je  quitte le gouvernement sur un désaccord  politique majeur », a-t-elle expliqué lors  de son dernier discours à la chancellerie. 
Depuis 2012, elle aura été la  cible privilégiée de la droite  et du FN, de critiques nourries  de fantasmes et de racisme  ordinaire. Elle laisse  des réformes symboliques fortes  mais aussi de nombreux chantiers en  sommeil. Son combat le plus emblématique  restera l’instauration du mariage pour  tous, qu’elle porte brillamment  dans l’Hémicycle en  2013 face à une droite déchaînée.  La nomination de  Jean-Jacques Urvoas, président  de la Commission des  lois et proche de Manuel Valls, en  dit long des desseins d’une majorité rabougrie.  Le premier ministre, embourbé  dans ses calculs politiciens, a tenté hier  de ruser sur la déchéance de nationalité  par une subtilité d’écriture et pour éviter  le débat né à gauche sur la stigmatisation  des binationaux. Pourtant, seuls ces  derniers seraient concernés. La droite,  elle, jubile. Elle réclamait l’élargissement  aux délits, Manuel Valls le lui a servi sur  un plateau.

mercredi 27 janvier 2016


Un maïs OGM reconnu toxique pour l’alimentation animale

JEAN-JACQUES RÉGIBIER
MERCREDI, 27 JANVIER, 2016
HUMANITE.FR
Le premier maïs commercialisé pour nourrir le bétail a eu des effets nocifs sur les animaux. C’est ce que révèle une étude du Centre de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique ( CRIIGEN ), présentée aujourd’hui à Bruxelles par José Bové et Michèle Rivasi.
 
 
Les résultats de cette étude étaient particulièrement attendus, puisque le maïs OGM mis en cause, cultivé au départ sur quelques milliers d’hectares, était le premier à avoir obtenu l’autorisation de mise sur le marché pour l’alimentation animale. De son nom de code Bt 176, il était commercialisé par le groupe pharmaceutique suisse Novartis ( devenu Syngenta).
Dès 1996, ce maïs OGM avait provoqué plusieurs polémiques. Il produisait un insecticide Bt modifié et contenait également un gène de résistance à un antibiotique. A la suite de ces polémiques, le Bt 176 avait du être retiré du marché.
Ce que plusieurs experts avaient alors dénoncé, c’est qu’aucun test n’avait été mené sur le long terme pour connaître les effets de ce maïs transgénique, avant qu’il ne soit autorisé à la vente. Un seul test de nutrition sur quatre vaches avait été mené pendant seulement deux semaines par la société Novartis, au cours duquel l’une des vaches était morte au bout d’une semaine, sans explication scientifique.
Ce test toxicologique avant la mise sur le marché par Novartis, avait été réalisé aux Etats-Unis.
Le Pr Gilles-Eric Séralini, du Centre de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique, qui, à cette époque (1998-2007), avait eu accès au dossier en tant qu’expert pour le gouvernement français au sein de la Commission du Génie Biomoléculaire - car les résultats n’était pas censés être rendus publics - avait dénoncé ce test de 15 jours, délai scandaleusement trop court selon lui, pour juger des effets du maïs sur la santé des bovins.
 
C’est sur une autre expérience que se fonde l’étude qu’il a rendue publique aujourd’hui à Bruxelles, relayée par les députés européens Verts, Michèle Rivasi et José Bové.
 
Cette étude se fonde sur une autre expérience, celle menée par un fermier expérimenté, médaillé pour sa productivité de lait de vache en Allemagne, Gottfried Glöckner. Depuis 1995, Gottfried Glöckner collaborait avec l’industrie des OGM, d’abord pour tester des cultures. Il a été ensuite le premier, dès sa commercialisation, à donner le maïs Bt 176 après ensilage, à ses vaches laitières. Cette expérience qui s’est étendue sur plus de 4 ans, de 1998 à 2002, a été et demeure la plus longue observation détaillée de nourrissage de bétail avec un OGM, qui plus est sur un échantillon de bétail important, 70 vaches.
Sa ferme exemplaire était surveillée par des vétérinaires qualifiés, il n’y avait jamais connu de pathologie grave depuis qu’il avait pris la direction de l’élevage en 1986.
Qu’a-t-il constaté ?
Tout d’abord des paralysies partielles (parésies) sur les vaches, accompagnées de grandes fatigues, de problèmes rénaux et de problèmes de muqueuses, suivies par la mort de 10% des animaux. Malgré de nombreuses analyses, effectuées notamment par des laboratoires universitaires, en accord avec le ministère de la santé allemand et Syngenta, aucune cause microbienne n’a pu être découverte pour expliquer la mort des animaux. La dose de maïs OGM Bt progressivement introduit avait atteint 40% de la ration. En 2002, le fermier était convaincu que le maïs Bt était à l’origine des pathologies. Il poursuivra en justice Syngenta qui le dédommagera partiellement.
Ce sont toutes les données issues de ce test grandeur nature, notamment toutes les analyses de sang et d’urine, qui ont servi de base à l’étude du Pr. Séralini, qui a par ailleurs eu accès aux dossiers vétérinaires et aux archives très complètes pour chaque vache, ainsi qu’au témoignage du fermier titulaire d’un Master en Sciences Agricoles. L’étude a été publiée dans une revue scientifique spécialisée, le « Scholarly Journal of Agricultural Sciences. »
Ses conclusions rejoignent les constats de l’éleveur allemand. Le maïs OGM 176 était bien nocif pour le bétail.
 
Présentant cette étude, la député verte Michèle Rivasi a demandé que la procédure d’autorisation des OGM au niveau européen soit revue. « Dans le système actuel, il est très difficile pour un État de refuser l’autorisation d’un OGM à l’importation, quand bien même la mise en culture serait, elle, interdite. Par ailleurs, les scientifiques se basent trop souvent sur des études commanditées par les industriels, entraînant des situations de conflit d’intérêts extrêmement dommageables et déjà dénoncées par le passé" a-t-elle expliqué.
 
Pour José Bové, lui aussi député européen écologiste, membre de la Commission agriculture du Parlement européen, » aujourd’hui, la procédure d’évaluation et d’autorisation des OGM à l’importation en Europe n’a plus aucun sens puisqu’elle a été désavouée par le Parlement européen puis très récemment par le Conseil ( … ) Pour sortir de cette impasse scientifique et institutionnelle, il faut que mettre en œuvre un protocole d’évaluation de long terme pour les OGM, comme cela a été demandé en 2012 par nombre de chercheurs indépendants. Sans cette approche de long terme, on met en péril la santé publique, y compris lorsque seuls les animaux de ferme mangent des OGM."
 

Le CRIIGEN  réclame également de toute urgence, la transparence de toutes les études toxicologiques réalisées avant la mise sur le marché des OGM, et des pesticides qu’ils contiennent. Il insiste sur la nécessité d’études sur la vie entière, ainsi que de l’étiquetage spécifique de la nature des OGM alimentaires.

 » Il en va, ajoute le Centre de Recherche et d’information indépendantes, de la santé des animaux d’élevage ainsi que de celle des consommateurs. »
L’étude qu’il vient de rendre publique, révèle une fois de plus l’urgente nécessité d’un étiquetage spécifique de la nature et de la quantité des OGM, notamment dans l’alimentation. Des tests à long terme des OGM alimentaires doivent être effectués et rendus publics, tout comme pour les pesticides qu’ils sont conçus pour contenir.

La ruine des paysans menace aussi notre souveraineté alimentaire


La ruine des paysans menace aussi notre souveraineté alimentaire

GÉRARD LE PUILL
MERCREDI, 27 JANVIER, 2016
HUMANITE.FR
Tandis que les tracteurs sont à nouveau de sortie aujourd’hui dans plusieurs régions de France pour crier la détresse paysanne, Jean-Pierre Fleury, président de la Fédération nationale bovine, dénonçait hier la manière dont on ruine les éleveurs en France pour augmenter les marges de l’aval.
Hier, au moment où Stéphane Le Foll annonçait un rajout de 290 millions d’euros pour venir en aide aux éleveurs de bovins à viande, de porcs mais aussi de palmipèdes gras sans oublier les producteurs laitiers, Jean-Pierre Fleury, président de la Fédération nationale bovine (FNB) de la FNSEA tenait une conférence de presse . Cette rencontre était prévue depuis trois semaines dans le cadre de la préparation du congrès annuel de la FNB qui se tiendra à Bourg-en-Bresse le 3 et le 4 février. 
Elle fut l’occasion pour l’éleveur bourguignon de rappeler que le plan d’aide de l’été dernier devait réduire pour éleveurs le coût financier des conséquences de la sécheresse dans certaines régions d’élevage ; réduire aussi les pertes de revenu induites par le blocage des bovins prêts à la vente dans les élevages suite à la fièvre catarrhale ovine (FCO) qui touche aussi les bovins. Enfin, une partie de ces aides sert à prendre en charge de cotisations sociales d’éleveurs incapables de tirer un revenu de leur métier. Non par incompétence, mais en raison d’un marché de la viande bovine où l’offre est légèrement supérieure à la demande. Du coup les prix baissent, ce qui est également vrai pour la viande porcine et pour la production laitière.
En juin 2015, les paysans affiliés à la FNB avaient bloqué des abattoirs pendant plusieurs jours dans le but d’obtenir une négociation avec les abatteurs et les distributeurs. Ils voulaient que le prix du kilo de viande bovine non désossée augmente de 40 centimes par kilo, somme nécessaire pour dégager un peu de revenu. Dans un premier temps, les enseignes de la distribution jouant le jeu, les prix augmentèrent de 13 centimes en quelques semaines. Mais, dès la fin du mois d’août, « cette dynamique globale de filière a été torpillée par des entreprises d’aval, en particulier le groupe Bigard, qui a délibérément joué la baisse brutale des prix, y compris sur des segments où rien ne perturbait fondamentalement le maintien d’une revalorisation sur les viandes destinées aux circuits de la grande distribution et de la boucherie artisanale. Les cours ont alors dévissé, entrainés dans une spirale de baisse qui a conduit à tomber même en dessous des cours moyens précédant les engagements pris en juin », constate Jean-Pierre Fleury huit mois plus tard.
Selon lui, le groupe privé Bigard, qui abat 40% des bovins en France- contre seulement 12% pour la seconde entreprise d’abattage-, a fait le choix d’augmenter ses marges sur le dos des éleveurs et notamment ceux qui sont spécialisés dans les races à viande. Il faut savoir ici que ce secteur compte en France plus 4,2 millions de vaches, à quoi s’ajoutent les jeunes bovins. Les vaches du troupeau allaitant sont plus nombreuses en France que celles du troupeau laitier qui sont environ 3,7 millions. Mais, du fait de sa géographie constituée de vastes zones herbagères, la France est le seul pays européen dans cette situation. Du coup, les éleveurs de bovins à viande sont dépendants des achats de l’Italie, de l’Espagne, de la Grèce, de la Turquie, voire de quelques pays du Maghreb pour vendre leurs « broutards ». Ces animaux maigres vendus à dix mois sont souvent engraissés dans les pays qui les consomment.
De son côté, le marché français consomme surtout des vaches de réforme et des génisses de deux à trois ans. Mais le marché de la vache de réforme est souvent encombré par les vaches laitières à courte durée de vie en raison même des dégâts du productivisme laitier sur leur organisme. Plus fâcheux encore, le nombre de laitières à augmenté en Europe avec la sortie des quotas laitiers. Ce qui se traduit aussi par plus d’abattage de laitières de réforme, surtout quand le prix du lait baisse sensiblement pour cause de surproduction, ce qui est le cas en Europe depuis plusieurs mois.
Facteur aggravant, les carcasses de vaches laitières sont de plus en plus transformées en viande hachée, ce qui permet de faire du steak haché avec de la viande à bouillir en y intégrant pas mal de graisse. La graisse lui donne plus de goût et diminue le prix de revient au détriment de la diététique. Mais son prix est attractif car la matière première ne coûte pas cher. La viande hachée sous toutes ses formes représente désormais près de 50% des volumes de viande bovine vendus en grande surface. Du coup, la viande de qualité et notamment les pièces nobles issues des races prestigieuses comme la charolaise, la limousine, la blonde d’Aquitaine, la salers, l’Aubrac et quelques autres peine à trouver sa place dans les rayons de la distribution.
On en est là aujourd’hui et il est difficile de savoir s’il y aura une sortie de crise dans les mois qui viennent. Ce n’est donc pas le moment d’ouvrir le marché européen aux viandes d’outre Atlantique. Jean-Pierre Fleury est allé le dire récemment à la Commission européenne qui négocie actuellement des baisses de tarifs douaniers avec les Etats Unis sur les exportations de viandes bovines et veut faire la même chose avec les pays du Mercosur. Au pays du Hamburger, 100% des vaches laitières de réforme sont transformées en viande hachée. Mais les Etats Unis engraissent aussi pour l’exportation beaucoup de bovins de races à viande dans leurs « feedlots », ces parcs d’engraissement conçus comme des camps de concentration pour bétail où l’alimentation granivore destinées aux herbivores arrive en trains entiers tandis que les hormones de croissance et les antibiotiques entrent régulièrement dans la ration alimentaire.
Selon Jean-Pierre Fleury, la commissaire européenne en charge du Commerce a repris une offre européenne faite des 2003 aux Etats Unis dans le cadre d’une négociation non aboutie depuis. Il s’agit d’importer annuellement sans droits de douanes 300.000 tonnes de pièces nobles des Etats Unis alors que ces mêmes pièces issues de nos races à viande peinent à trouver leur place sur le marché. En oubliant que la consommation de viande bovine a diminué de 27% en Europe depuis 2003 tandis que l’offre de viande qualité au augmenté en France. Plus grave encore, cette viande trouve de moins en moins sa place dans la politique de l’offre dans notre pays avec la fermeture des boucheries traditionnelles et l’augmentation des ventes dans la grande distribution où le client n’est pratiquement pas conseillé.
Décidément, des usines aux exploitations agricoles, la politique commerciale de l’Europe n’en finit pas de provoquer des crises et d’en faire payer l’addition par les hommes et les femmes qui n’en sont pas responsables. Et la France du président Hollande accompagne cette politique sans prendre la moindre initiative pour tenter de la corriger. Du coup les tracteurs sont encore de sortie aujourd’hui à l’initiative de milliers de paysans au bord de la ruine tandis que l’Europe des marchands brade aussi notre souveraineté alimentaire. 

STMicroelectronics: un véritable "gâchis économique et humain"


STMicroelectronics: un véritable "gâchis économique et humain"

PI.M.
MERCREDI, 27 JANVIER, 2016
HUMANITE.FR

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Photo : AFP
Photo : AFP
Le fabricant franco-italien de semi conducteurs STMicroelectronics (ST) a annoncé ce mercredi matin la fin de son activité ce construction et développement de décodeurs numériques. Cela se traduit par 1400 suppressions de postes, une erreur stratégique et un véritable manque de vision industrielle.
"La société a annoncé (...) un réalignement global des effectifs qui pourrait affecter environ 1.400 salariés dans le monde, dont environ 430 en France via un plan de départs volontaires, environ 670 en Asie et environ 120 aux Etats-Unis", a écrit STMicroelectronics dans son communiqué matinal. Une mesure mise en place dès cette année, avec 1100 postes dont 150 en France supprimés. L’entreprise prévoit un coût du plan social d’environ 170 millions d’euros par an. 800 salariés travaillent sur ce secteur du décodeur numérique en France, la majorité à Grenoble, le reste à Paris et Le Mans.
Les syndicats s’en doutaient. Ils avaient une nouvelle fois interpellé les pouvoirs publics la semaine dernière, c’est que les Etats français et italien détiennent chacun 13,77% du capital de ST, unique fleuron européen dans le domaine…
La CGT estime pourtant que le secteur des décodeurs numérique restait porteur. « Nous constatons que les efforts faits pour redresser les décodeurs commencent à porter des fruits en termes techniques et commerciaux, expliquait le syndicat à Emmanuel Macron. Outre les perspectives commerciales propres à ce secteur, c’est celui qui est aujourd’hui le plus avancé dans ST, car on y maîtrise à la fois le matériel et le logiciel. » C’est une amputation stratégique, dramatique sur le long terme. « Le tuer aboutirait à priver ST d’une expérience et de compétences qui seront progressivement utiles à tous les secteurs. Que l’on sache, l’évolution va vers plus de complexité, plus de compétences systèmes et non l’inverse ! » déplore la CGT.
A l’heure où le gouvernement français veut miser sur les nouvelles technologies pour se développer, amputer STMicroelectronics relève d’un vrai manque de vision industriel. D’autant plus que si les résultats sont légèrement en baisse, le groupe reste solidement bénéficiaire, d’environ 100 millions d’euros pour 2015…
La CGT : "Les salariés sont en attente d’une nouvelle vision industrielle et de mesures concrètes comme l’arrêt de la distribution des dividendes, mesure nécessaire pour dégager des moyens et réinvestir.  Le changement d’équipe dirigeante est indispensable pour porter une stratégie aussi nouvelle. À commencer, pour être crédible vis à vis des salariés, qui sont à la base de toute production de richesse. Mais aussi vis-à-vis des clients hésitant sur l’engagement de long terme avec une entreprise ainsi dirigée."
La direction de ST. "Après un examen exhaustif des options externes et internes pour l'activité produits pour set-top-box (décodeurs numériques, ndlr) de la Société, ST va cesser le développement de nouvelles plateformes et de produits standard pour les set-top-box et les gateways (boîtiers réseaux, ndlr) domestiques. L'adoption plus lente que prévue des produits de pointe et la concurrence accrue dans l'entrée de gamme, combinées au haut niveau d'intensité de R&D (recherche et développement) nécessaire, ont conduit cette activité à des pertes significatives au cours des dernières années […] Au cours des prochaines années, la croissance sur le marché des semi-conducteurs proviendra principalement des applications pour l'automobile, l'industrie et l'internet des objets".

Christiane Taubira a démissionné du gouvernement

MERCREDI, 27 JANVIER, 2016
HUMANITE.FR

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Photo : Loic Venance/AFP
Photo : Loic Venance/AFP
La Garde des Sceaux Christiane Taubira a remis sa démission à François Hollande, qui a nommé aussitot le député du Finistère Jean-Jacques Urvoas pour la remplacer ce mercredi matin. "Parfois résister c'est rester, parfois résister c'est partir." a-t-elle twitté.
La Garde des Sceaux, Christinae Taubiara a remis sa démission ce matin au Président de la République, "qui l'a accepté" annonce l'Elysée dans un communiqué. "Ils ont convenu de la nécessité de mettre fin à ses fonctions au moment où le débat  sur la révision constitutionnelle s'ouvre à l'Assemblé nationale aujourd'hui, en commission des lois. Proche de Manuel Valls, Jean-Jacques Urvoas a été nommé Garde des Sceaux et ministre de la Justice. Actuel président de la Commission des lois de l'Assemblée nationale, Il était à ce titre chargé d'une mission pour trouver une solution à la réforme constitutionnelle de la déchéance de nationalité, à laquelle Christiane Taubira s'était publiquement opposée à plusieurs reprises.

Fonctionnaires, portraits d’un grand malaise

Fonctionnaires, portraits d’un grand malaise

Mercredi, 27 Janvier, 2016
L'Humanité

De 120 000 à 150 000 fonctionnaires ont manifesté hier à Paris et dans les grandes villes du pays pour l’augmentation de leurs salaires bloqués depuis 2010, l’arrêt de la suppression des postes et l’augmentation des effectifs.
Fonctionnaire, j’en suis fier ! » Le slogan clamé hier dans la manifestation parisienne a résonné chez tous les agents territoriaux, d’État, et de la santé ayant battu le pavé à l’appel des syndicats CGT, FO et Solidaires, rejoints localement par la FSU. Un slogan qui a aussi fait écho à Marseille, à Lyon, Toulouse, Montpellier, Orléans, La Rochelle… et ailleurs. « C’est la septième année de gel du point d’indice des fonctionnaires » (base de calcul de rémunération commune à tous les agents), a rappelé Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, en tête de la manifestation parisienne. Ce sont des moyens et la hausse de leur pouvoir d’achat que réclamaient les fonctionnaires alors qu’au matin de la manifestation, la ministre Marylise Lebranchu annonçait un dégel « symbolique ». « Avancer cela avant même le début des négociations, ce n’est pas notre conception du dialogue social », a rétorqué Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, présent lui aussi au premier rang du cortège.  Lire la suite

Vidéo de Pierre Laurent à la sortie de l'Elysée

Vous trouverez ci-dessous le lien vous permettant de visionner la vidéo de Pierre Laurent à la sortie de l’Élysée : https://www.youtube.com/watch?v=xAefhsJXeHk Cette vidéo est également visible sur le site et le facebook du PCF.

mardi 26 janvier 2016

Israël. Deux villages bédouins menacés de destruction

Israël. Deux villages bédouins menacés de destruction

Françoise Germain-Robin
Mardi, 26 Janvier, 2016
Humanite.fr

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Le 17 janvier la Cour suprême d'Israël a donné un avis favorable au projet du gouvernement : détruire Umm al Hiran (photo) et Atir et en chasser les 1500 habitants pour faire place à la construction d'une ville juive par une organisation religieuse.
Photo : Mehamen Kahana/AFP
La Cour suprême israélienne a ordonné la destruction de deux villages bédouins du Néguev, où résident 1500 habitants, pour construire une colonie juive.
« Il faut agir de toute urgence pour sauver Umm al Hiran et Atir », c'est le cri d'alarme lancé samedi  au Sénat par le député arabe israélien Basel Ghattaz à l'issue d'une rencontre (1) consacrée à la situation des Palestiniens d'Israël. La situation de ces deux villages du Néguev, menacés depuis des années, s'est aggravée le 17 janvier quand la Cour suprême d'Israël a donné un avis favorable au projet du gouvernement israélien : les détruire et en chasser les 1500 habitants pour faire place à la construction d'une ville juive par une organisation religieuse, qui a de nombreux projets de part et d'autre de la « ligne verte » qui sépare en théorie Israël des territoires occupés.
Pour Gadi Algazi, professeur à l'Université de Tel Aviv et militant pacifiste, ce projet n'est rien d'autre que la poursuite de la colonisation pour Israël et de la Nakba pour les Palestiniens : « c'est une tragédie historique pour les Bédouins déjà chassés deux fois dans les années 1950 », explique-t-il, rappelant que 80% des tribus bédouines qui occupaient le Neguev ou y nomadisaient ont été poussés au départ dans les années qui ont suivi la création d'Israël en 1948.
Ceux qui restent ne parviennent pas à faire reconnaître leurs droits sur ces terres pour lesquelles ils avaient pourtant des titres de propriété ou d'usage reconnus du temps du mandat britannique.
Pour Martine Millet, de l'Association Neguev Coexistence, « les Bédouins sont un corps étranger pour Israël qui les traite comme tels. Son plan est de les regrouper dans des villes déjà surpeuplées et délabrés et de détruire tous les villages. Umm al Hiran et Atir font partie des villages non reconnus et dépourvus de toute infrastructure. L'exemple emblématique est celui d'Al Arabi qui a été détruit quatre-vingt treize fois depuis 1948 et à chaque fois reconstruit par ses habitants! »
Autre question abordée, la nouvelle stratégie du gouvernement Netanyahu pour tenter de diviser les Palestiniens d'Israël qui, en s'unissant pour les dernières élections législatives, ont obtenu treize sièges de députés à la Knesset. Cela participe, a expliqué l'historienne Martine Sevegrand, « des avantages promis à ceux qui acceptent de servir dans l'armée à la création de catégories spécifiques parmi les chrétiens – qui représentent 7% de la population – en créant par décret une « nationalité araméenne » qui pourrait concerner 20 000 personnes ». Diviser pour régner, la recette n'est pas nouvelle.
(1) Il s'agissait d'un colloque organisé par le Comité de vigilance pour une paix réelle au Proche Orient (VPRO) auquel participaient, outre les personnes citées ici, l'ancien ambassadeur Didier Destremeau, le père Faouzi Khoury, Jean Guy Greisalmer de l'UJFP, les journalistes Dominique Vidal et Agnès Levallois, sous la présidence de Maitre Maurice Buttin

Allemagne. « La xénophobie a le même ADN que la violence sexiste »

Allemagne. « La xénophobie a le même ADN que la violence sexiste »

Bruno Odent
Mardi, 26 Janvier, 2016
L'Humanité

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« Le harcèlement sexuel contre les femmes ne sera pas toléré. » tel était le slogan inscrit sur cette pancarte, Devant la cathédrale de Cologne (Allemagne), le 9 janvier dernier, où hommes et femmes s’étaient rassemblés contre le sexisme et le racisme.
Photo : Roberto Pfeil/AFP
Alors que les nationalistes exploitent les agressions sexuelles massives de Cologne pour accuser les réfugiés et exiger la fermeture des frontières, une large part de la cité rhénane résiste à l’hystérie des amalgames et conforte ses actions bénévoles dans l’aide aux migrants.
Cologne (Allemagne), envoyé spécial.
La voix d’Inge Walter tremble alors qu’elle rassemble ses souvenirs. « Habituellement, on évite les rassemblements du soir de la Saint-Sylvestre. En Allemagne, c’est très souvent pétards, fusées, badauds très avinés, très peu pour nous… » Pourtant, durant les premières heures de l’année 2016, Inge et son mari, Manfred, tous deux âgés d’une cinquantaine d’années, se retrouvent par hasard à la gare centrale de Cologne. Ils rentraient avec un couple d’amis d’un réveillon et avaient emprunté la S-Bahn (le RER local). « On a eu très peur. On a vite compris que quelque chose ne tournait pas rond », poursuit Inge. Bibliothécaire de son état, habitante de Cologne depuis toujours, elle se souvient du vacarme, de la foule géante, des fusées de feux d’artifice que des jeunes lançaient n’importe où, jusque dans les pieds des passants. « Il se dégageait un climat électrique et pourtant il fallait bien traverser », explique le couple. « On m’a saisi les seins, les fesses. J’étais sidérée, avant de me sentir avilie », reprend Inge. Dans la mêlée, Manfred ne peut que jouer des coudes et des poings pour tenter de se dégager et défendre son épouse. Il évitera in extremis que l’un des agresseurs ne réussisse à arracher le téléphone portable d’Inge. « Elle hurlait, dit-il, elle était hagarde, totalement désarçonnée. » Dix-neuf jours plus tard, le couple se remet à peine de ses émotions, tout en reconnaissant qu’Inge s’en est sortie « moins mal » que ces dizaines de jeunes femmes non accompagnées, agressées sexuellement et volées. « Nous, les vieux, lâchent les Walter en riant un peu trop fort comme pour exorciser le cauchemar dont ils ont bien voulu nous reparler, on a eu de la chance, on a pu sortir de ce cirque sans trop de casse. » Mais une phrase revient dans leur bouche : « La police, bon sang ! Que faisait-elle, où était-elle ? »
Tous les témoignages convergent pour désigner de jeunes Maghrébins très alcoolisés, parlant arabe ou français, comme les auteurs de ces exactions. Inge et Manfred confirment. Le nombre de plaintes déposées s’approche désormais des 900, dont plus de 40 % pour agression sexuelle (3 pour viol), le reste pour vol. L’enquête s’annonce laborieuse, compte tenu de l’absence d’intervention initiale de la police. À droite et à l’extrême droite, les nationalistes se sont jetés sur l’occasion pour faire l’amalgame entre migrants et violeurs ou (et) voleurs de la Saint-Sylvestre. Les réfugiés, l’islam sont montrés du doigt par une partie de la presse. Sur la défensive, le gouvernement a décrété de nouvelles restrictions du droit d’asile.
Dans la Martinstrasse, Nadia Najafi, responsable de l’association féministe Agisra, se réjouit, dans un premier temps, du retentissement de l’événement : « Nous qui savons les difficultés à convaincre les femmes de témoigner contre les agressions sexuelles dont elles sont victimes, nous ne pouvons que nous satisfaire de l’intensité du débat. » Mais Nadia n’est pas dupe, « la haine contre les femmes est instrumentalisée par ceux qui prêchent celle contre les étrangers pour induire un tournant politique » (voir son interview ci-contre). De nombreuses organisations féministes dénoncent les ravages d’un discours culturaliste qui voudrait faire la démonstration que l’on a assisté à une véritable expédition punitive contre les femmes. Comme si les islamistes égyptiens qui ont orchestré les violences sexuelles contre les progressistes qui manifestaient sur la place Tahrir, au Caire, pour l’émancipation des femmes et du pays, avaient réussi à exporter leur méthode à Cologne entre gare et cathédrale.

La politique d’accueil des réfugiés dans le collimateur des chrétiens sociaux

« Les nationalistes donnent le la », déplore Ozlem Demirel, secrétaire de la fédération Die Linke pour le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Une vanne a été ouverte dans laquelle ils s’engouffrent, décomplexés. « La xénophobie qu’ils brandissent est porteuse du même ADN que la violence faite aux femmes ! » s’exclame la jeune femme, citoyenne allemande d’origine turque. La politique d’accueil des réfugiés plus accommodante, ouverte par la chancelière l’été dernier, est clairement dans le collimateur des chrétiens sociaux (CSU) bavarois qui participent aux affaires à Berlin et exigent désormais publiquement, au risque de provoquer une crise gouvernementale, la fermeture des frontières. L’Alternative pour l’Allemagne (AfD) (extrême droite) est en pleine ascension à plus de 10 % dans les sondages et elle pourrait réussir une entrée spectaculaire dans les parlements de trois nouveaux Länder (Bade-Wurtemberg, Rhénanie-Palatinat et Saxe-Anhalt), début mars.
Pourtant, les éléments de l’enquête qui transpirent sur les motivations des agresseurs de la Saint-Sylvestre devraient permettre de s’éloigner des verdicts à l’emporte-pièce pérorant sur une « attaque organisée » visant les « valeurs occidentales et les acquis des femmes ». Ce discours-là constitue, de fait, une aubaine pour les théories complotistes si prisées par les Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident (Pegida), qui marquent maintenant leur territoire à Cologne, où ils ont formé des milices citoyennes, Bürgerwehr, dont l’une s’est déjà illustrée dans une véritable chasse aux migrants en pleine rue.
Un rapport de la police de Cologne, daté du 8 janvier 2016, que l’Humanité a pu se procurer met l’accent sur les objectifs essentiellement criminels de jeunes délinquants, en majorité donc algériens et marocains, qui se fixeraient régulièrement rendez-vous en des lieux précis « sur les réseaux sociaux pour y commettre des délits ». Plusieurs observateurs spécialistes de la délinquance nous confirment que les fauteurs de crimes présumés s’étaient déjà illustrés dans des exactions analogues, même si elles étaient bien moins massives que celles de la Saint-Sylvestre. Cela tient d’une méthode, nous expliquera l’un d’eux : « Ils agressent sexuellement les jeunes femmes pour détourner leur attention pendant qu’un complice les détrousse. »
« La police était au courant, au moins depuis 2014, des menaces émanant de ce type de délinquants. Et pourtant, elle est restée inerte. » Jörg Detjen, élu municipal (Die Linke) et membre d’une commission chargée des rapports avec les forces de l’ordre, n’en décolère pas. Il pointe des « dysfonctionnements notoires » provoqués par la pénurie d’effectifs, ou ces rivalités entre une police fédérale (chargée outre-Rhin de la surveillance des gares – NDLR) et celle du Land préposée à la place… contiguë entre gare et cathédrale.
Düzgün Altun connaît bien le profil des agresseurs. Vice-président de la fédération démocratique des travailleurs (Didf), qui rassemble une majorité de salariés d’origine turque ou kurde, il est arrivé à l’âge de 11 ans en Allemagne, où il a rejoint son père, embauché comme travailleur immigré sur des chantiers navals à Brême. Düzgün a pris la nationalité allemande. Il est devenu travailleur social. De jeunes Algériens et Marocains à la dérive, il en a rencontré à plusieurs reprises. « Certains, relève-t-il, sont venus avec de grosses illusions en Allemagne, convaincus d’avoir touché le jackpot. Beaucoup vivent ici parfois depuis des années, sans papiers, paumés, marginalisés. » C’est dans ce lumpen prolétariat que se sont recrutés les violeurs et les voleurs de la Saint-Sylvestre. « Leur mépris des femmes, souligne Düzgün, est d’autant plus intolérable qu’il correspond à un mépris d’eux-mêmes. » Ces jeunes gens frustrés vivent dans des cités ghettos habitées presque uniquement par des migrants étrangers, comme le quartier de Chorweiler. « Un lieu criminogène par excellence », insiste Düzgün.

Le pays confronté « à un gros problème d’inclusion »

Pour Christoph Butterwegge, politologue à l’université de Cologne qui a beaucoup travaillé sur l’extension de la pauvreté en Allemagne à la suite des réformes antisociales de la dernière décennie, le pays est confronté « à un gros problème d’inclusion ». Les mieux formés retiennent l’attention du patronat, en particulier dans des secteurs où la crise démographique a fait le vide. « Mais pour les autres, pour ces migrants peu qualifiés, rien n’est prévu », souligne Butterwegge.
Comme l’universitaire, des milliers de citoyens de Cologne entendent bien défendre bec et ongles la Willkommenskultur (culture de la bienvenue), cet élan d’hospitalité qui a surpris toute l’Europe. Deux Allemagne se font face. Thomas Zitzmann, qui travaille au conseil des réfugiés (Flüchtlingsrat) de Cologne, n’a pas observé jusqu’ici de recul de cet engagement citoyen. Des dizaines de bénévoles viennent toujours proposer leurs services. Certains sont un peu désarçonnés par l’hystérie qui s’est emparée du débat. Mais aucune des 40 associations de solidarité qui ont vu le jour à Cologne durant les six derniers mois n’a décidé de se dissoudre. Certains, ulcérés par les amalgames des nationalistes, ont même fait part à Zitzmann de leur détermination « maintenant plus que jamais » à participer à ces actions de solidarité.
Inge et Manfred sont de ceux-là. Ils viennent de reprendre la distribution et la collecte de vêtements dans lesquelles ils étaient très impliqués. « J’avoue que j’ai un peu hésité, dit Inge, mais comment confondre ces pauvres gens qui ont tout perdu et que j’ai appris à connaître avec les voyous qui m’ont agressée à la Saint-Sylvestre. »

La « gauche caviar» fait croître en nombre les « salauds de pauvres » fustigés par la droite

La « gauche caviar» fait croître en nombre les « salauds de pauvres » fustigés par la droite

Gérard le Puill
Mardi, 26 Janvier, 2016
Humanite.fr

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Photo : AFP
Photo : AFP
Alors que le rapport Badinter visant à précariser l’emploi a été remis au gouvernement, l’augmentation continuelle des aides directes au patronat génère aussi des surcoûts induits par l’étendue de la pauvreté. C’est ce que montre l’augmentation continuelle des sommes consacrés l’APL, au RSA et la CMU tandis la Sécurité sociale et les caisses de retraites sont aussi en difficulté. 
Depuis plusieurs décennies tout est bon pour justifier « la baisse du coût du travail». Le rapport Badinter sur la réforme du code du travail traduit la volonté de François Hollande et du gouvernement de Manuel Valls d’enlever des droits aux travailleurs pour accroître les profits des actionnaires et autres financiers. Cela dure depuis 40 ans de manière ininterrompue. Cette attaque permanente contre le monde du travail s’est beaucoup accentuée sous la présidence de Nicolas Sarkozy et, plus encore, sous celle de François Hollande. On ne compte plus les milliards donnés au patronat sans que cela se traduise par une interruption de l’augmentation du nombre des demandeurs d’emploi. Il y avait 500.000 chômeurs de plus en France quand Sarkozy a quitté l’Elysée en 2012 que quand il est arrivé en 2007. Vu que le nombre de sans emploi de catégorie A progresse de plus de 500.000 depuis mai 2012 et le cumul des trois catégories A,B et C nous donne 600.000 demandeurs d’emplois de plus, on sait déjà qu’il y aura beaucoup plus de chômeurs en France quand François Hollande terminera son quinquennat en 2017 que lorsqu’il l’a entamé en 2012. 
D’ici là , on peut s’attendre à ce que la plupart des candidats à la primaire présidentielle de la droite et d’une certaine « gauche » ne vont pas manquer d’imagination pour avancer de nouvelles exonérations de charges pour le patronat et de nouvelles précarités pour les salariés. C’est ce que montre déjà le jeu de rôles mis en scène par Macron et Valls à l’occasion de la remise du rapport d’un Robert Badinter, que l’on avait naguère connu mieux inspiré. 
Curieusement, ni les personnalités politiques qui proposent ces fausses solutions, ni les décideurs économiques et encore moins les journalistes qui propagent leurs idées dans la presse ne s’interrogent sur certains coûts cachés de cette politique constante de sous rémunération du travail.
Il existe en France des formes ultimes de protection sociales qui fonctionnent comme des voitures balais et qui sont précieuses. Au départ, leur but affiché semblait être de ne laisser personne sur le bord de la route. L’aide personnalisée au logement (APL) en fait partie. Elle prit son essor en 1977 quand le gouvernement dirigé par Raymond Barre décida de remettre en cause l’aide à la pierre accordée aux bailleurs sociaux pour réduire le coût de la construction afin de pouvoir proposer des loyers bon marché. Barre et son équipe affirmaient alors que presque tous les ménages français allaient vite sortir de la pauvreté et que l’APL ne serait qu’une dépense résiduelle appelée à disparaître au bout de quelques années. On sait ce qu’il en est advenu depuis.
Aujourd’hui, l’APL permet à bien des aux locataires aux revenus modestes d’accéder à un logement, social la plupart du temps. Mais un logement dont ils ne pourraient payer le loyer sans cette aide. En 2013, ce sont 6,3 millions de ménages dont 5,8 millions de locataires et 500.000 accédants à la propriété qui bénéficiaient de l’APL. Il en a coûté cette année là 17,4 milliards d’euros au budget de l’Etat et une partie toujours plus grande de cette somme ne fait que transiter par les locataires pour finir dans l’escarcelle des propriétaires privés qui ont investi dans le logement locatif pour bénéficier de déductions fiscales afin de payer moins d’impôt. Il en a été ainsi depuis 1995 avec, successivement, les plans Périssol, Besson, De Robien, Apparu, Scellier, Duflot et autres Pinel. Après avoir quitté le gouvernement Fillon, Martin Hirsch a pu écrire que sur 100€ de revalorisation de l’APL qu’obtenait un locataire, 6€ servaient réellement à améliorer sa solvabilité tandis que 94€ étaient directement transférés dans la poche du bailleur via l’augmentation du loyer.
Le Revenu de solidarité active(RSA) est une autre voiture balai qui a succédé en Revenu minimum d’insertion (RMI) mis en place par le gouvernement de Michel Rocard après la seconde victoire de François Mitterrand à l’élection présidentielle de 1988. Le RSA était versé à 2,5 millions de personnes ou ménages en décembre 2015 contre 2,47 millions en juin de la même année et 2,3 millions en juin 2013. L’explication de cette augmentation continuelle est simple. Plus le chômage et la précarité augmentent, moins il y a de revenu chez les chômeurs de longue durée comme chez les travailleurs précaires qui ne trouvent que quelques heures de boulot dans le mois. Et comme les seniors licenciés après 50 ans ont de plus en plus de mal à retrouver du travail alors que recule sans cesse l’âge donnant droit à le retraite, ils viennent aussi grossir les rangs des bénéficiaires du RSA. Le RSA a coûté quelques 10 milliards d’euros aux départements en 2015. Ce qui veut dire aussi qu’il a été payé essentiellement par nos impôts locaux.
La Couverture maladie universelle (CMU) a été mise en place par Martine Aubry du temps du gouvernement de la « gauche plurielle » dirigé par Lionel Jospin. Il s’agissait de redonner une couverture sociale à tous les pauvres qui n’en avaient plus, suite à divers accidents de la vie dont le chômage de longue durée, les « sans papiers » victimes de maladies pouvant aussi se faire soigner. La CMU permet aujourd’hui une prise en charge médicale à 5 millions de personnes et coûte 6 milliards d’euros par an au pays. C’est aussi une conséquence de la sous rémunération du travail et de la précarisation de l’emploi. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, la Sécurité sociale, les caisses de retraite et les assurances chômage connaissent aussi de plus en plus de difficultés budgétaires. 
Au nom de la lutte contre « l’assistanat », lLa droite demande que l’on réduise chacune de ces aides comme elle demande une moindre indemnisation du chômage, une baisse du salaire minimum et de nouvelles réductions de charges pour les entreprises. Mais c’est bien cette baisse de la rémunération du travail et l’exclusion de tout emploi pour plus de 5 millions de personnes qui met la protection sociale en difficulté tout en augmentant les dépenses pour l’APL, pour le RSA et pour la CMU.
Bien évidemment, cette politique a été aggravée par les délocalisations de productions industrielles vers les pays à bas coûts de main d’œuvre et par les baisses des tarifs douaniers qui ont ensuite favorisé les importations de produits fabriqués par des hommes et des femmes victimes d’une exploitation féroce pour satisfaire les exigences de profits des donneurs d’ordres que sont les firmes qui ont délocalisé et les enseignes qui vendent ces produits chez nous. Ce qui se traduit par un déficit chronique de notre commerce extérieur.
Du coup, conformément à ce que réclame la droite, la la politique économique de gauche caviar et technocratique représentée par François Hollande, Manuel Valls, Laurent Fabius, Emmanuel Macron, Michel Sapin, Myriam El Khomri, Jean-Christophe Cambadélis et quelques autres, fonctionne comme une spirale régressive sans fin. Voilà comment un pays riche produit de plus en plus d’exclus dont l’actuel président de la République aimerait moquer « les sans dents», si l’on en croit les indiscrétions parues dans un livre écrit par une personne qui le connait bien.