mercredi 24 mai 2017

Code du travail : les syndicats mettent en garde Macron

Code du travail : les syndicats mettent en garde Macron

MARION D'ALLAARD ET CLOTILDE MATHIEU
MERCREDI, 24 MAI, 2017
L'HUMANITÉ
Pour son premier round social, le chef de l’état est resté prudent, approche des législatives oblige. Photo : Michel Euler / POOL / AFP
Pour son premier round social, le chef de l’état est resté prudent, approche des législatives oblige. Photo : Michel Euler / POOL / AFP
Le chef de l’État a rencontré hier les responsables syndicaux et patronaux. L’occasion de confirmer que son projet serait mené par ordonnances à la rentrée. La CGT est déterminée « à se faire entendre ». Lire la suite
« Une prise de contact ». À l’occasion de son « speed dating » avec les responsables des organisations syndicales et patronales, Emmanuel Macron a surtout écouté. Une heure chacun. « Trop court pour vraiment aborder le fond des dossiers », ont regretté les syndicats qui ont défilé toute la journée à l’Élysée. « À ce stade, il ne va pas discuter du contenu précis de la réforme, car dès (aujourd’hui) le premier ministre et la ministre du Travail vont à leur tour recevoir les partenaires sociaux », précise-t-on à l’Élysée. Ces rencontres s’étaleront jusqu’à lundi pour « évoquer les grandes lignes du calendrier et la méthode des discussions ». En pleine campagne des élections législatives, le président de la République, qui cherche une majorité parlementaire pour faire passer en force ses réformes, marche sur des œufs. « Nous savons quel est notre objectif », a affirmé le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner. « Il faut empêcher tout blocage, mais on n’a pas le droit de bloquer la France quand on n’est pas d’accord avec telle ou telle mesure, surtout quand elle était au cœur du projet présidentiel d’Emmanuel Macron », a-t-il prévenu. « Le ministre a le droit de dire ce qu’il veut, les salariés font ce qu’ils veulent », a réagi le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, qui envisage une mobilisation nationale interprofessionnelle en juin. Lire la suite

Législatives. Les communistes appuient 524 candidats

Législatives. Les communistes appuient 524 candidats

JULIA HAMLAOUI
MARDI, 23 MAI, 2017
L'HUMANITÉ
Pierre Laurent : « Le PCF entend contribuer à l’élection de députés de gauche capables de s’unir demain face à Macron. » Photo : Bertrand Guay/AFP
Pierre Laurent : « Le PCF entend contribuer à l’élection de députés de gauche capables de s’unir demain face à Macron. » Photo : Bertrand Guay/AFP
Pierre Laurent a annoncé que le parti qu’il dirige vise l’élection d’une vingtaine de députés et que 29 face-à-face avec France insoumise sont évités.
Le PCF a fait ses comptes après la clôture, vendredi, du dépôt des candidatures pour les législatives. Malgré les dissensions avec la France insoumise ces dernières semaines, Pierre Laurent, son secrétaire national, a estimé hier, lors d’une conférence de presse, que de « nombreuses victoires législatives restent à portée de main ». « Il est réaliste de dire que nous pouvons élire, grâce à une intense et conquérante campagne dans les jours à venir, une vingtaine de députés », a-t-il déclaré, fixant pour objectif à sa formation de « contribuer à l’élection de plusieurs dizaines de députés de gauche capables de s’unir demain face à Macron ».
Pour sa part, sur les 577 circonscriptions, le Parti communiste appuie 524 candidatures. Parmi celles-ci, le PCF présente 452 candidats issus de ses rangs et en soutient 72 autres, dont 18 FI, 16 d’Europe Écologie-les Verts, 12 socialistes soutiens de Benoît Hamon et 11 d’Ensemble ! Des soutiens qui sont parfois le fruit d’accords locaux de désistements réciproques, comme avec certains socialistes dans les Yvelines.
Au total, après la rupture des négociations, 29 face-à-face FI-PCF seront tout de même évités, selon le décompte des communistes. Outre les 18 candidats FI soutenus par le PCF, dans 11 circonscriptions, des « communistes en mesure de l’emporter ne se verront pas opposer de candidatures FI », a annoncé Pierre Laurent. Six communistes auraient signé la charte exigée de ses candidats par la FI (dans l’Allier, l’Eure, l’Aveyron, la Seine-Saint-Denis et les Alpes-Maritimes). Mais dans les Hauts-de-Seine, contrairement à ce que nous indiquions dans notre édition d’hier, Yasmine Boudjenah ne l’a pas signée, tout en étant soutenue par FI.
Au-delà de ces exceptions, et après le bon score de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, reste un sentiment de « gâchis » pour Pierre Laurent, qui a à nouveau regretté, hier, « très profondément, le maintien de candidatures FI dans près d’une vingtaine de circonscriptions où se joue l’élection possible d’un député communiste » et a dit son « incompréhension » face au refus « de la main tendue » dans les Bouches-du-Rhône. « L’heure n’est pas à la polémique, a-t-il cependant jugé, mais à la mise en campagne de tous nos candidats. » Et d’annoncer des initiatives le 1er juin sur tout le territoire autour du slogan : « L’été, ça n’est pas fait pour casser le Code du travail. Non aux ordonnances Macron. »
Le PCF dénonce un « déni démocratique »
« Je veux alerter contre le déni démocratique qui se met en place et qui vise à priver d’accès à une série de médias nos candidats, en reproduisant les temps de parole présidentiels », a dénoncé, hier, le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, après avoir écrit au CSA pour « alerter sur ce scandale ». Les règles du temps de parole dans les médias audiovisuels reposent pour les élections législatives sur le principe d’équité qui prend en compte « la capacité à manifester concrètement son implication dans la campagne » mais aussi « les résultats aux plus récentes élections ». Fustigeant « l’extension sans limite du présidentialisme médiatique », Pierre Laurent a déploré que son parti, « qui est l’une des cinq formations à compter un groupe dans les deux chambres du Parlement, s’apprête à être quasiment interdit d’antenne ».

Législatives. À Roubaix, communistes et Insoumis main dans la main

Législatives. À Roubaix, communistes et Insoumis main dans la main

LUDOVIC FINEZ
MARDI, 23 MAI, 2017
L'HUMANITÉ
Paul Zilmia (au centre) et Thérèse Jacquot (à droite), candidats titulaire et suppléante dans la 8e circonscription, faisaient campagne, ce samedi, dans les rues de Roubaix. David Pauwels
Paul Zilmia (au centre) et Thérèse Jacquot (à droite), candidats titulaire et suppléante dans la 8e circonscription, faisaient campagne, ce samedi, dans les rues de Roubaix. David Pauwels
Dans les 7e et 8e circonscriptions du Nord, la France insoumise et le PCF présentent deux tandems de candidats. Le résultat d’un travail entamé il y a plusieurs années et confirmé lors de la présidentielle.
Une interminable limousine blanche dépose les futurs mariés sous les youyous. Ce samedi, la journée commence joyeusement place de la mairie, à Roubaix (Nord), sous l’œil amusé d’une dizaine de militants venus soutenir Paul Zilmia (France insoumise) et Thérèse Jacquot (PCF), candidats titulaire et suppléante aux législatives dans la 8e circonscription du Nord, à cheval sur Roubaix et Wattrelos. La « promenade guidée » fait son premier arrêt devant la maison des associations, vue comme un rempart « contre les inégalités » dans un « territoire touché par l’austérité ». Étape suivante : le lycée Jean-Moulin. Sur la grille, un bouquet de fleurs, hommage à Hocine, tué quelques jours plus tôt par un automobiliste qui a grillé un feu rouge. Safouane Neffati, conseiller financier à la Banque postale, a fait sa scolarité ici. Il énumère les propositions du programme « l’Avenir en commun » : « rendre obligatoire la scolarité de 3 à 18 ans », « recruter plus d’enseignants pour aider les élèves en difficulté », « arrêter les fermetures de lycées professionnels »… « Le plus important aujourd’hui, c’est la gratuité de la cantine et des transports. J’ai connu des personnes qui étaient avec moi en classe et n’avaient pas les moyens de s’offrir un repas à la cantine. Le ticket de transport est de plus en plus cher et certains sont obligés de frauder pour venir en cours », ajoute-t-il. Thérèse Jacquot évoque également le sort des collèges Nadaud et Neruda, à Wattrelos, qui devraient perdre plusieurs classes à la prochaine rentrée.
Paul Zilmia a, lui aussi, fait sa scolarité à Jean-Moulin : « J’ai grandi dans le quartier populaire des Trois-Ponts. J’étais en décrochage scolaire, mais j’ai eu la chance d’avoir un cadre familial strict. » Il intègre l’Edhec, à Roubaix, où il convainc une prof de faire intervenir dans son cours le secrétaire général de l’union locale CGT. Pour financer ses études, il a dû travailler chez McDo. Mais ses frais de scolarité ont été pris en charge dans le cadre d’un programme du ministère de l’Éducation nationale, relayé par l’association locale Es’pass, que Paul Zilmia a même présidée pendant deux ans.

« Les mêmes valeurs et un programme proche »

Quand sa candidature aux législatives a été retenue par la France insoumise, il a démissionné d’un CDI dans un cabinet de recrutement parisien, pour se consacrer à temps plein à sa campagne : « J’ai pris mes responsabilités et, à 25 ans, je suis retourné chez mes parents. » La promenade se poursuit sur le thème de la santé. « Je suis infirmier. J’ai travaillé un an aux urgences de Tourcoing ; j’avais des contrats au mois. Maintenant, je travaille en Belgique, où on m’a pris en CDI tout de suite », confie Walid Benbachir, soutien des deux candidats. Devant l’hôpital de Roubaix, le syndicaliste Patrick Desmet, venu à leur rencontre, dénonce les « plans de restriction » et insiste sur « la détresse profonde des personnels de gériatrie ».

« Transformer l’essai » des bons scores de Jean-Luc Mélenchon

Deux jours plus tôt, l’ambiance témoigne de la même volonté d’union dans un bistrot du populaire boulevard de Fourmies, à Roubaix. Nous sommes ici dans dans la 7e circonscription, où candidatent Yann Merlevede (FI) et sa suppléante, Stéphanie Jacquemot (PCF). « Il y a eu beaucoup de réunions entre nous. On a les mêmes valeurs, un programme proche et on a réussi à bâtir un bon duo », témoigne Isabelle Vanspeybroeck, secrétaire de la section locale du PCF. Pour Fayçal, jeune Insoumis, la campagne présidentielle a initié ici « une dynamique qui a fait sortir une intelligence collective. Une machine s’est mise en route et il va falloir transformer l’essai ». « À Roubaix, les relations sont bonnes », insiste Pierre, des Jeunes communistes, « super déçu » de l’échec d’un accord national. « On avait déjà travaillé ensemble au sein du Front de gauche et on n’envisageait pas de tomber dans la division nationale et les malentendus venus de là-haut », résume Yann Merlevede, prof d’histoire-géo.
Les deux tandems croient en leurs chances. Dans la 7e circonscription, au premier tour de la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, avec près de 22 % des voix, a talonné Emmanuel Macron et François Fillon et devancé Marine Le Pen. Dans la 8e, avec près de 30 %, il est arrivé largement devant Marine Le Pen et Emmanuel Macron. « Avec 36 %, Mélenchon est même président de Roubaix », ironise Fayçal, pour qui « il faut maintenant transformer l’essai ». « Il y a du gros poisson en face », commente Isabelle Vanspeybroeck, faisant allusion au député-maire UDI de Hem, Francis Vercamer. Finalement, ce dernier se représente dans la 7e, après avoir songé à envoyer sa fille en première ligne, pour cause de cumul de mandats. Yann Merlevede voit dans cette hésitation « une sorte de népotisme qui rappelle l’épisode Fillon ». Pour lui, si Francis Vercamer est élu, il « saura très bien travailler avec Macron, qui a inspiré la loi travail ». Dans l’autre circonscription, Paul Zilmia se souvient de ces jeunes du quartier de l’Alma, un des plus pauvres de la ville, qu’aucun autre candidat n’est venu voir : « Ils veulent représenter le peuple et ils ne viennent même pas à sa rencontre… »
(1) Elle comprend l’ouest de Roubaix, Wasquehal, Croix, Hem, Lys-lez-Lannoy, Leers, Toufflers et Lannoy.

Etudiants, lycéens, demandes de bourses et de logements, il est encore temps


Etudiants, lycéens, demandes de bourses et de logements, il est encore temps

Dossier social étudiant - DSE
DANIEL ROUCOUS
JEUDI, 25 MAI, 2017
etudiant-gouv
Rappel aux étudiants : vous avez jusqu'au 31 mai pour effectuer une demande de bourse sur critères sociaux et un logement en résidence U.  Lire toutes nos infos utiles.
Plus que quelques jours pour demander une bourse sur critères sociaux et/ou un logement en résidence U pour 2017/2018. Après le 31 mai c'est trop tard à moins de passer par l'UNEF ou l'UEC pour repêcher une bourse en retard.

 

Comment procéder ?

- constituer un DES (dossier social étudiant)  auprès de votre Centre régional des œuvres universitaires et scolaires (Crous).

- Munissez-vous de l’avis fiscal de vos parents, de la copie des justificatifs de votre scolarité et connectez-vous sur le site web du CROUS de votre académie.
- simulez vos droits à une bourse et/ou un logement CROUS avec 
Pour la simulation de calcul, vous devez fournir le montant de vos ressources, le nombre d’enfants à charge des parents, le nombre de frères et sœurs dans l’enseignement supérieur, la distance kilométrique entre l’établissement et la commune de votre domicile. De deux choses l’une :
- le "niveau d’échelon" est « 0 », vous êtes exonéré des droits universitaires et de la cotisation à la sécurité sociale étudiante,
- le "niveau d’échelon" est compris entre « 0 bis » et « 7 », le montant annuel de votre bourse est précisé par le simulateur.

 

Et si on est hors délai ?

Si vous loupez la date d’échéance de demande de bourse du 31 mai, il est encore possible, jusqu’au 30 septembre,  de faire une demande de bourse en retard en passant par l’UNEF ou l'UEC en effectuant les démarches indiquées sur le lien suivant  
En cas de coup dur, demandez une 
Les étudiants de première année qui ont obtenu une bourse sur critères sociaux doivent savoir qu’ils peuvent bénéficier d’une aide au mérite s’ils ont obtenu la mention « très bien » au BAC. Pas de démarche à faire puisque les CROUS ont reçu les listes des bacheliers ayant obtenu la mention « très bien ». Cette aide leur est donc attribuée automatiquement sous réserve d’être boursier.

A quelles aides ont droit les étudiants ?

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Comment obtenir une bourse de lycées ou de collèges

La bourse de lycée est attribuée en fonction des ressources de l'année N – 2, soit en fonction des ressources 2015 pour la rentrée scolaire 2017. C'est le revenu fiscal de référence 2015 figurant sur l'avis d'imposition sur le revenu 2016 qui sera pris en compte.
A titre exceptionnel, les ressources de l'année 2016 pourront être prises en compte en cas de modification majeure de la situation financière de la famille entre 2015et 2016.
Les ressources de la famille ne doivent pas dépasser un plafond annuel défini par un barème national comprenant six échelons. Un  permet d'obtenir une estimation du montant de la bourse.
Les dossiers de demande de bourse sont disponibles auprès des établissements - 
Les élèves déjà bénéficiaires en 2016-2017 d'une bourse de lycée, qui vont accéder à la rentrée scolaire 2016, en deuxième année de certificat d'aptitude professionnelle ou de brevet des métiers d'art ou en classe de première ou terminale de baccalauréat ou de brevet de technicien, conservent jusqu'à la fin de leur formation, le bénéfice de leur bourse obtenue selon les conditions en vigueur avant la rentrée scolaire 2016.
En savoir plus :

La coopérative Sodiaal a fragilisé ses producteurs de lait en leur vendant un quota B

La coopérative Sodiaal a fragilisé ses producteurs de lait en leur vendant un quota B

GÉRARD LE PUILL
MERCREDI, 24 MAI, 2017
HUMANITE.FR
Sodiaal est la plus grosse coopérative laitière de France et une de celles qui paient le plus mal les producteurs de lait. Photo : Mychèle Daniau/AFP
Sodiaal est la plus grosse coopérative laitière de France et une de celles qui paient le plus mal les producteurs de lait. Photo : Mychèle Daniau/AFP
Dans son édition du 12 mai, La Moselle agricole, un hebdomadaire paysan de Lorraine, donnait le compte-rendu de l’Assemblée annuelle de la section de la coopérative laitière Sodiaal dans la  région Grand Est. Sa lecture est instructive et permet de comprendre pourquoi le prix du lait à tant baissé en France depuis plus de deux ans.
Sodiaal est la plus grosse coopérative laitière de France et une de celles qui paient le plus mal les producteurs de lait. Un encadré nous informait que Sodiaal considère avoir « soutenu la mécanique de prix et multiplié les initiatives pour maintenir le prix du lait à un niveau significativement supérieur à celui du marché allemand ». Malgré cela, « le prix du lait (toutes primes et qualités confondues) ressort en forte baisse à 282€ les 1 000 litres en moyenne » pour l’année 2016, « contre 308€ l’année précédente ». En 2015 déjà, le prix du lait avait déjà baissé d’environ 50€ les 1 000 litres par rapport à 2014.
Ce même encadré nous informe que « le lait B (10% des volumes) a lui aussi subi la forte volatilité des marchés à faible valorisation internationale. Il s’affiche à 216€ les 1 000 litres contre 229€ en 2015 ». Cette information ne parle qu’aux initiés et appelle une explication de texte. En prévision de la fin des quotas laitiers à partir d’avril 2015, Sodiaal avait proposé aux paysans qui lui livraient du lait d’acheter des droits à produire supplémentaires. Par exemple, un producteur de lait livrant 500 000 litres par an pouvait se voir proposer d’acheter un droit à produire supplémentaire de 10% (50 000 litres annuels) moyennant un prix d’entrée unique de 900€ pour chaque millier de litre supplémentaire afin de répondre aux débouchés que Sodiaal prétendait avoir à l’international hors de l’Union européenne. Mais, ce « quota B » avait un prix plus bas et plus fluctuant que le quota originel, dit quota A. Ce quota B était davantage soumis aux fluctuations des prix du beurre et de la poudre de lait dans les salles de marché. Or ces prix peuvent baisser considérablement quand tout le lait ne peut pas être transformé en produits frais et en fromages. Il faut alors écrémer beaucoup de lait cru pour le transformer en deux produits distincts et stockables que sont le beurre et la poudre. Plus les stocks montent, plus les prix baissent. Et comme les stocks de poudre sont toujours élevés au niveau européen, le prix du lait reste bas, bien que le beurre soit cher désormais grâce à de bons débouchés.

Un excédent brut de 122 millions d’euros pour la coopérative

Le compte rendu de l’Assemblée générale de la section-est de Sodiaal dans l’hebdomadaire régional indique que, en 2016, « les marchés ont été particulièrement tendus sous la  conjonction de la surproduction européenne, de l’embargo russe et de la baisse des importations chinoises, analysent les dirigeants de Sodiaal qui estiment que la quasi intégralité des activités de groupe a été impactée, en particulier les fromages et l’ensemble lait-crème-beurre ». Et de conclure que, malgré ce contexte, « l’excédent brut d’exploitation est resté quasiment stable à 122 millions d’euros ». Bref, bien que le compte-rendu ne le dise pas clairement, il apparaît que les livreurs de lait ont été seuls à payer la crise de surproduction par une baisse du prix du lait en 2016 par rapport à celui de 2015.
Bien entendu, ceux qui avaient accepté d’acheter des droits à produire supplémentaires à partir de 2015 ont subi une triple peine : le quota B qu’ils avaient payé cher a été pour partie responsable de la surproduction européenne. Il a fait chuter le prix du litre de lait issu du quota A et plus encore celui du quota B. Dans un autre encadré, La Moselle agricole relève les observations de Denis Nass, responsable régional de la FNSEA. Ce syndicaliste paysan, dit le journal « regrette que la part des produits valorisés auprès de la grande distribution soit passée de 60% à 40% en quelques années, alors qu’elle est mieux valorisée ».
Que faut-il retenir de cette observation ? Il est probable que la grande distribution, appliquant les possibilités que le donne la Loi de modernisation économique votée en 2008 par la droite, suite au rapport de la Commission Attali rédigé par Emmanuel Macron, se serve de cette loi pour mettre la pression sur le fournisseur Sodiaal afin de lui arracher des baisses de prix, recourant pour cela à des importations en provenance d’Allemagne notamment.
Au cours de cette assemblée générale, Jorge Boucas, nouveau directeur général de Sodiaal Union, a déclaré  aux adhérents : « les résultats de la coopérative ne sont pas satisfaisants, ils ne sont pas au niveau et l’endettement est important. Nous avons besoin de nous transformer. Cela passe par un vrai cap stratégique. L’arbitrage a été rendu. Nous avons décidé de chercher de la valeur ajoutée en priorité, pas les volumes ». Voilà qui ressemble à une critique un peu tardive de ce qui était la priorité de Sodiaal avant avril 2015. La coopérative vendait alors à ses adhérents une augmentation des volumes à produire avec la mise en place du quota B mal payé et précarisé.

GM&S. Les salariés décide de reprendre l'activité après le sursis obtenu jusqu'au 30 juin


GM&S. Les salariés décide de reprendre l'activité après le sursis obtenu jusqu'au 30 juin

LORENZO CLÉMENT AVEC AFP
MERCREDI, 24 MAI, 2017
HUMANITE.FR
Photo  Georges Gobet / AFP
Photo Georges Gobet / AFP
Les salariés de l'équipementier automobile GM&S, qui a vu mercredi son redressement judiciaire prolongé jusqu'au 30 juin, vont "déminer" leur usine de La Souterraine (Creuse) dans l'après-midi et reprendront le travail lundi, ont indiqué les syndicats à l'issue d'une assemblée générale.
"Les salaries ont décidé en assemblée générale de suspendre le blocage du site et de déminer le site de manière provisoire. Si rien n'avance et s'il n'y a pas d'offre sérieuse déposée, on remine le site. Lundi, l'activité va reprendre", a déclaré Vincent Labrousse, délégué CGT, à des journalistes. Le site de GM&S est occupé depuis le 11 mai par les salariés qui affirment l'avoir "piégé" avec des bonbonnes de gaz.
L'équipementier automobile en difficulté GM&S Industry a obtenu mercredi quelques semaines de répit du Tribunal de commerce de Poitiers qui a prolongé jusqu'au 30 juin la période d'observation de l'entreprise, le temps d'examiner les options de reprise. Un nouveau candidat potentiel à la reprise "d'une surface financière considérable", s'est récemment manifesté, selon les syndicats. "Le renouvellement de la période d'observation peut être justifié pour une courte durée permettant de favoriser la finalisation et l'examen d'une ou plusieurs offres de reprises", a estimé le tribunal qui était chargé de statuer sur la liquidation pure et simple du site de GM&S Industry à La Souterraine (Creuse) ou sur la prolongation du redressement judiciaire prononcé en décembre.
Le tribunal a toutefois posé une condition à ce sursis: "La prolongation n'est envisageable que sous la condition du redémarrage de la production aujourd'hui arrêtée, qui seule permettra de générer les liquidités nécessaires à la marche courante de l'entreprise". Les salariés, soutenus par la CGT et FO, occupent l'usine depuis le 11 mai, affirmant avoir "piégé" le site avec des bonbonnes de gaz.
Entre autres candidats à la reprise de l'usine creusoise de GM&S, deuxième employeur privé du département avec 283 salariés, l'homme d'affaires franco-suisse Jean-Jacques Frey a déposé tout récemment "une lettre d'intention" pour le rachat de l'équipementier en difficulté, a-t-on appris mercredi de source syndicale. A la sortie du tribunal de commerce mardi soir, l'avocat des salariés de La Souterraine, Me Jean-Louis Borie, avait évoqué le dépôt tout récent d'une "nouvelle lettre d'intention d'un éventuel repreneur, d'une surface financière considérable", ne venant pas du secteur automobile, "mais prêt à s'associer avec ce secteur".
"Nous avons appris aujourd'hui (mardi, NDLR) qu'un autre repreneur, semble-t-il sérieux en tout cas au niveau de sa surface financière, s'est proposé et a fait une lettre d'intention dans laquelle il a dit + moi je reprends tout le monde (...) ou une grosse partie du personnel, pratiquement 240 +, ce qui est quand même beaucoup plus intéressant que les offres précédentes", avait expliqué Me Borie devant la presse à l'issue de l'audience mardi soir.
Jean-Jacques Frey, un entrepreneur franco-suisse qui s'est enrichi dans l'immobilier commercial, a bâti au début des années 2000 un empire viticole dont les quatre fleurons sont le Château La Lagune dans le Bordelais, Corton-André en Bourgogne, le domaine Jaboulet Aîné dans les Côtes-du-Rhône et Billecart-Salmon en Champagne. Cet empire viticole est dirigé par Caroline Frey, oenologue et l'une de ses trois filles.
Un autre candidat à la reprise, le groupe stéphanois GMD (Groupe Mécanique Découpage), avait pour sa part déjà transmis une lettre d'intention pour GM&S. Ce spécialiste de plasturgie, fonderie, emboutissage, avait déjà manifesté un intérêt en 2014, lors du précédent redressement judiciaire du site, mais l'Italien Gianpiero Colla, sur le papier plus prometteur en terme d'emplois, lui avait été préféré. Le nom de l'emboutisseur Magnetto, filiale basée à Aulnay-sous-Bois de l'italien CLN Group, a aussi été évoqué pour la reprise.
De leur côté, les deux principaux donneurs d'ordre de GM&S, PSA et Renault ont consenti à augmenter leur commandes de 10 à 12 millions d'euros, et de 5 à 10 millions, respectivement. Des engagements qui, selon le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, devraient permettre d'atteindre un chiffre d'affaires 2017 proche de 25 millions d'euros.
Mais pour les syndicats, cet objectif est insuffisant, sachant que l'équilibre de l'entreprise requiert, selon eux, un carnet de commandes de l'ordre de 35 à 40 millions d'euros annuels.

Attentat de Manchester. L'émouvant message d'Eric Cantona MERCREDI, 24 MAI, 2017 HUMANITE.FR

Attentat de Manchester. L'émouvant message d'Eric Cantona

MERCREDI, 24 MAI, 2017
HUMANITE.FR
Copie d'écran YouTube
Copie d'écran YouTube
"Mon coeur est avec vous. Je me sentirai toujours proche de vous": la légende de Manchester United Eric Cantona a diffusé mercredi une vidéo de soutien à Manchester et aux victimes de l'attentat qui a fait 22 morts et blessé 59 personnes lundi.
"Je pense à ce pays, l'Angleterre, aux Anglais que j'aime profondément. Je souffre avec vous. Mon coeur est avec vous. Je me sentirai toujours proche de vous", déclare Eric Cantona dans une vidéo relayée par les médias britanniques. "Je pense à cette ville, Manchester, et aux Mancuniens que j'aime profondément", ajoute-t-il. "Je pense aux victimes, aux personnes blessées, aux enfants, adolescents, adultes, à leurs familles, leurs amis, à vous tous, à nous tous", dit l'ancien meneur de jeu, aujourd'hui acteur, qui a remporté quatre titres de champion d'Angleterre avec les "Red Devils" lors de ces cinq années passées à Manchester (1992-1997). 

Royaume-Uni. « Le bruit de l’explosion et les cris résonnent encore dans ma tête »


Royaume-Uni. « Le bruit de l’explosion et les cris résonnent encore dans ma tête »

ROSA MOUSSAOUI
MERCREDI, 24 MAI, 2017
L'HUMANITÉ
Une attaque signée Daech, si l’on en croit le communiqué de revendication des djihadistes de l’« état islamiste ». J. Goodman/LNP/Zuma-Rea
Une attaque signée Daech, si l’on en croit le communiqué de revendication des djihadistes de l’« état islamiste ». J. Goodman/LNP/Zuma-Rea
L’attentat qui a fait au moins 22 morts et 59 blessés lundi soir, dans la salle de concerts Manchester Arena, est revendiqué par l’« État islamique ». Parmi les victimes, de nombreux enfants et adolescents. L’Angleterre est sous le choc.
Un flash lumineux, le souffle d’une explosion, et tant de jeunes vies soudain fauchées… Manchester pleurait ses morts et pansait les blessures des rescapés, hier, après le terrible attentat survenu lundi soir, à la fin du concert de la pop star américaine Ariana Grande. Toute la nuit, les réseaux sociaux ont relayé les vidéos des scènes de panique à l’intérieur et aux abords de la Manchester Arena, vaste salle de concerts d’une capacité de 21 000 places. Des images d’autant plus déchirantes que des enfants et des adolescents composaient l’essentiel du public. Les avis de recherche, mais aussi les gestes de solidarité, comme ceux des chauffeurs de taxi offrant de raccompagner les survivants chez eux ou ceux des Mancunois proposant un refuge, un repas ou tout simplement du réconfort, avaient de quoi réveiller les douloureux souvenirs des attentats de Paris, le 13 novembre 2015.
Les témoins décrivent les mêmes scènes de chaos. « Ce que j’ai vu était horrible et restera en moi pour toujours. Le bruit de l’explosion et les cris résonnent encore dans ma tête », raconte Alicia Hattersley dans les colonnes du Manchester Evening News. « Le concert était terminé. Ariana avait quitté la scène une minute auparavant. Nous nous sommes levés, prêts à partir, et il y a eu une énorme détonation, la plus forte que j’aie jamais entendue de ma vie. Mes oreilles en bourdonnent encore, poursuit cette étudiante. Dans la panique, tout le monde s’est mis à crier, à pleurer, à courir. Nous savions que c’était quelque chose de grave, mais nous espérions que ce n’était pas ce que nous pensions. Des jeunes filles descendaient les escaliers pour s’éloigner de l’explosion. Il y avait des enfants séparés de leur maman qui hurlaient. Quand nous sommes sortis, c’était le chaos, une foule de gens qui ne savaient pas où aller. » Bilan, au moins 22 morts, parmi lesquels des enfants, et 59 blessés. La plus jeune des victimes, Saffie Rose Roussos, n’avait que huit ans…

Arrestation d’un suspect, âgé de 23 ans

Évoquée dans la nuit, la thèse de l’attentat-suicide était confirmée hier par les autorités. « La police pense connaître l’identité » de l’assaillant mort dans l’attaque, avançait dans la journée Theresa May, ce qui laisse supposer qu’il était connu des services de renseignements. « Nous savons qu’un terroriste isolé a fait détoner un engin explosif à l’une des sorties de la salle, choisissant délibérément l’endroit et l’heure pour causer un maximum de victimes, dont de nombreux enfants et jeunes », a expliqué la première ministre britannique, Theresa May, en dénonçant « une attaque terroriste épouvantable et sans pitié ».
Une attaque signée Daech, si l’on en croit le communiqué de revendication diffusé hier par les djihadistes de l’« État islamique ». Labellisation opportuniste ou attaque planifiée ? Quoi qu’il en soit, l’organisation terroriste brandit la menace de nouveaux attentats. Hier, Salman Abedi, 22 ans, a été arrêté, « soupçonné d’avoir commis l’atrocité » de la veille, selon le commissaire de police Ian Hopkins. Fait troublant, révélé par Mediapart, Mohamed Abrini, impliqué dans les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et du 22 mars 2016 à Bruxelles, s’était rendu, l’été précédent, à Londres, Birmingham et Manchester, vraisemblablement pour des « repérages ».
Il y a deux mois jour pour jour à Londres, près du Parlement, un homme fonçait dans la foule avec un véhicule et poignardait un policier, faisant cinq morts avant d’être abattu. Lundi soir, le Royaume-Uni a fait face à l’attentat le plus meurtrier depuis les quatre attaques suicides simultanées, revendiquées par al-Qaida, qui avaient fait 52 morts et 700 blessés dans les transports londoniens le 7 juillet 2005, aux heures de pointe.
Depuis des mois, les services de sécurité jugeaient « hautement » probable le scénario d’une attaque de cette ampleur. « Le niveau d’alerte reste élevé, ce qui veut dire que d’autres attaques restent possibles », met en garde Theresa May. Signe de la tension qui régnait encore hier dans la ville, une arrestation sans lien avec l’attentat a donné lieu à un mouvement de foule et à l’évacuation d’un centre commercial. À quelques jours de la tenue d’élections législatives anticipées fixées au 8 juin, la campagne a été suspendue. Le chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn, s’est dit « horrifié » par ces « terribles événements ». « Mes pensées vont vers les familles et les amis de ceux qui ont été tués ou blessés. Aujourd’hui, tout le pays pleure ceux qui ont perdu la vie », a-t-il déclaré.
À Manchester, cité sous le choc, cette trêve politique prend la couleur du deuil. Des rassemblements devaient se tenir, hier soir, en hommage aux victimes. À Old Trafford, le stade de Manchester United, qui doit disputer aujourd’hui à Stockholm la finale de l’Europa League contre l’Ajax Amsterdam, les drapeaux du club ont été mis en berne. De son côté, Manchester City a ouvert dans son Etihad Stadium une structure d’accueil pour les rescapés et leurs proches. Dans cette métropole ouvrière, ouverte et cosmopolite, des voix s’élevaient, dès hier, pour dire le refus du repli, de la division, de la stigmatisation des musulmans. Un esprit de solidarité et de paix que résume en ces termes, sur son compte Twitter, le journaliste Dave Haslam : « Vous avez choisi la mauvaise ville si vous pensez que la haine peut nous déchirer ! »
Une émotion qui traverse les frontières
Emmanuel Macron s’est rendu hier à l’ambassade du Royaume-Uni et a affirmé sa « volonté de renforcer la coopération européenne en matière de lutte contre le terrorisme ». En présentant ses « sincères condoléances », le président russe, Vladimir Poutine, s’est dit disponible à « développer la coopération antiterroriste ». Donald Trump a, lui, assuré la Grande-Bretagne du « soutien indéfectible des États-Unis », tandis que la chancelière allemande, Angela Merkel, a fait part de son « horreur ». Une minute de silence a été organisée sur les marches du Festival de Cannes. Le PCF a tenu à rappeler qu’ « à chaque attentat, c’est l’humanité tout entière qui est frappée ». « Permettons à nos concitoyens de construire ensemble et concrètement une société solidaire. Il naîtra de ces conjonctions une puissance populaire capable d’isoler ceux qui veulent imposer une dictature et sa terreur », a écrit Patrice Bessac, maire de Montreuil, dans un message à son homologue de Manchester, Andy Burnham.

vendredi 19 mai 2017

Crédit lyonnais: Bernard Tapie condamné à rendre 404 millions d'euros

Crédit lyonnais: Bernard Tapie condamné à rendre 404 millions d'euros

LAURENCE MAURIAUCOURT
JEUDI, 18 MAI, 2017
HUMANITE.FR
En 2013, Bernard tapie était mis en examen pour "détournement de fonds publics" dans l'affaire de l'arbitrage qui lui a accordé plus de 400 millions d'euros. (Photo AFP)
En 2013, Bernard tapie était mis en examen pour "détournement de fonds publics" dans l'affaire de l'arbitrage qui lui a accordé plus de 400 millions d'euros. (Photo AFP)
L'affaire du rachat-vente d'Adidas par le Crédit Lyonnais a débuté 1993. La cour de Cassation vient de rendre son verdict : Bernard Tapie doit rendre l'argent perçu avec l'aide du Ministère de l'Economie de l'époque Lagarde. 
Bernard Tapie a été définitivement condamné à rembourser les 404 millions d'euros accordés en 2008 par un tribunal arbitral pour régler son litige avec le Crédit lyonnais sur la vente d'Adidas, selon une décision rendue jeudi par la Cour de cassation.
En juin 2016, la justice avait définitivement annulé cet arbitrage, estimant qu'il était "frauduleux" car les relations entre le camp Tapie et l'un des juges-arbitres avaient été dissimulées, ce qui avait biaisé la sentence. Cet arbitrage est aussi au centre d'une enquête pénale pour escroquerie en bande organisée dans laquelle le parquet a demandé que six protagonistes, dont l'ex-patron de l'Olympique de Marseille, soient renvoyés en correctionnelle.
Il faut remonter à 1993, pour comprendre.  Bernard Tapie, devenu ministre, veut aller plus loin dans une carrière arrière politique. Il a besoin de se faire une autre image, il a besoin de temps et de cash. Ce qui l’incite à vendre ses entreprises, dont celles de la marque aux trois bandes Adidas. L’homme d’affaire confie le mandat de vente à une banque, le Crédit lyonnais. Via des sociétés offshore, la banque rachète le groupe Adidas, en alignant 315,5 millions d'euros avant de le revendre, en réalisant une belle plus value. C’est là que Bernard Tapie se présente en victime. Evoquant un « montage frauduleux », se disant floué, il réclame alors 990 millions d'euros au Crédit Lyonnais. Il remporte une première manche lorsqu’en septembre 2005, la cour d'appel de Paris condamne le Consortium de réalisation, (organisme gestionnaire du passif du Crédit lyonnais depuis que la banque s’est trouvée au bord de la faillite en 1993), à lui verser 135 millions d'euros. Mais le jugement est cassé en appel en 2006.  Sous les bons auspices du Ministère de l’Economie de l’époque, un tribunal arbitral, composé de trois juges est appelé à rendre un avis décisif sur l’affaire. En 2008, cet arbitrage rend une décision incroyable : le Consortium est condamné à verser près de 404 millions d'euros à Bernard Tapie, dont 45 millions pour préjudice moral.
Dans le cadre de cette même affaire, l'ancienne ministre de l'Economie, , désormais directrice générale du FMI, a été déclarée "" le 19 décembre 2019. Mais, elle a bénéficié d’une dispense de peine et cette condamnation n’est pas inscrite dans son casier judiciaire.

Éliane Assassi : « Un gouvernement qui sera aux ordres du patronat »

Éliane Assassi : « Un gouvernement qui sera aux ordres du patronat »

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AURÉLIEN SOUCHEYRE
JEUDI, 18 MAI, 2017
L'HUMANITÉ
Éliane Assassi Présidente du groupe communiste au Sénat. Photo : Patrick Nussbaum
Éliane Assassi Présidente du groupe communiste au Sénat. Photo : Patrick Nussbaum
Le premier gouvernement nommé par Emmanuel Macron est sévèrement ancré à droite, selon Éliane Assassi, qui appelle au rassemblement à gauche pour battre cette équipe aux législatives.
Que pensez-vous du gouvernement composé par Emmanuel Macron et Édouard Philippe ? Correspond-il aux engagements de renouveau pris par le candidat d’En marche ! ?
Éliane Assassi Le président de la République disait vouloir faire du neuf. Il fait finalement du vieux, en recyclant de nombreux roublards de la politique. Il tente d’assurer un équilibre entre une droite qu’il entend avaler et des queues de comète du Parti socialiste à la limite du pathétique. Ce n’est pas un beau signal envoyé au peuple de France. Pour ceux qui en doutaient encore, tout est clair : ce gouvernement sera aux ordres du patronat pour mettre en œuvre une politique de droite libérale. Ils sauront tous s’entendre pour une nouvelle loi travail aggravée, à l’image du projet de la droite sénatoriale. On est ici à la fois dans la suite du quinquennat Hollande – il n’y aura d’ailleurs pas de loi de finances rectificative – et dans un rassemblement de ceux qui au fond étaient favorables à la loi Macron comme à la loi El Khomri. Il y a aussi quelques prises de guerre, des cautions, comme Nicolas Hulot, qui n’auront pas forcément les moyens de leurs ambitions ou des promesses qui leur ont été faites… Ce gouvernement, malgré quelques visages inattendus, n’incarne aucun renouveau, reste ancré à droite, et doit être battu aux législatives. Il est temps pour le pays de se retrouver pour un troisième tour social.
La porte s’ouvre-t-elle d’autant plus pour une grande recomposition libérale entre la droite et le centre alors qu’au même moment la gauche fait face à des divisions ?
Éliane Assassi Aujourd’hui personne ne sait qui aura la majorité après les législatives. D’où la volonté d’Emmanuel Macron de s’adresser à la droite, en lui réservant des postes clés, qui disent beaucoup de ce que sera l’action gouvernementale. Au juppéiste Édouard Philippe, qui devient premier ministre, s’ajoutent deux hommes de droite aux affaires économiques : l’ancien candidat à la primaire de droite Bruno Le Maire, nommé ministre de l’Économie, et le sarkozyste Gérald Darmanin au Budget et aux Comptes publics. Ce n’est pas rien. C’est même très inquiétant. L’ambition de Macron est de composer une majorité partisane hétéroclite, mais aux ordres. Bien sûr, elle sera cohérente, au sens où ils sont tous libéraux et politiquement compatibles… Mais notre objectif, au PCF, est de disputer la majorité parlementaire à Emmanuel Macron et de battre le Front national. La date de clôture des candidatures approche mais notre volonté est de ne rien lâcher pour œuvrer au rassemblement. Je crois beaucoup à l’intelligence des territoires pour construire du commun entre communistes, Insoumis, et tous ceux qui à gauche ne veulent pas laisser Emmanuel Macron utiliser des ordonnances. L’idée de mobiliser contre la monarchie présidentielle, contre un chef d’État qui veut bâillonner le Parlement, la représentation populaire et donc le peuple, est celle qui doit s’imposer aujourd’hui. Tous ceux qui se côtoient dans les luttes au quotidien savent que tout ce qui nous rassemble peut effacer nos divergences. C’était vrai hier et c’est encore vrai aujourd’hui. Nous devons faire élire le plus grand nombre de députés qui refuseront de voter les habilitations pour les ordonnances, et qui porteront des propositions alternatives et de progrès.

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« Dommage que les associations n’aient pour l’heure pas d’interlocuteur au gouvernement »

« Dommage que les associations n’aient pour l’heure pas d’interlocuteur au gouvernement »

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR STÉPHANE GUÉRARD
VENDREDI, 19 MAI, 2017
HUMANITE.FR
Philippe Jahshan : « Il faut que la vie associative soit incarnée au niveau gouvernemental pour que les mesures futures ou qui ont déjà été adoptées soient réellement mises en œuvre par l’administration. » Photo : lemouvementassociatif.org
Philippe Jahshan : « Il faut que la vie associative soit incarnée au niveau gouvernemental pour que les mesures futures ou qui ont déjà été adoptées soient réellement mises en œuvre par l’administration. » Photo : lemouvementassociatif.org
Le Mouvement associatif porte la parole de la plupart des réseaux associatifs de France. Son président, Philippe Jahshan, analyse l’absence de ministre compétent pour la vie associative ou l’économie sociale et solidaire et rappelle les aspirations de ce secteur privé non lucratif pour le nouveau quinquennat.
Deux jours après la nomination du gouvernement Philippe, le Mouvement associatif a-t-il trouvé son ou ses interlocuteurs ministériels ?
Philippe Jahshan. Pas encore. On attend encore les attributions de chacun des ministres. Pour l’heure, nous regrettons que la vie associative et l’économie sociale et solidaire n’apparaissent nulle part. Globalement, les secteurs sociaux sont peu visibles : le logement, la famille, la jeunesse n’ont pas de ministères dédiés. Des ajustements viendront peut-être après les législatives. Nous avions demandé lors de la campagne de la présidentielle un ministre pour la Vie associative. Il est dommage que les 13 millions de bénévoles, les 170 000 associations employeuses de près de deux millions de salariés ne l’aient pas obtenu. Mais nous voulons rester constructif. Le vocable « solidarité » se retrouve dans le portefeuille du ministère de la transition écologique et solidaire de Nicolas Hulot, ou dans celui des Solidarités et de la Santé d’Agnès Buzyn. Les associations couvrent effectivement tous ces champs. A nous d’être force de proposition et d’instiller de nouvelles dynamiques.
Ne déplorez-vous pas que l’économie sociale et solidaire n’ait plus sa place au sein du ministère de l’Economie et des Finances, comme lors du quinquennat précédent ?
Philippe Jahshan. Vaut-il mieux avoir comme interlocuteur un ministre d’Etat chargé de la transition écologique, convaincu et connaisseur du monde associatif, ou un ministre un peu moins connaisseur, mais à Bercy ? Je serai pour maintenir un pied dans ces deux institutions. Nous sommes des acteurs économiques. Mais nous sommes aussi acteurs des transitions sociales et écologiques, des acteurs de l’engagement. Nous sommes présents dans des territoires en difficulté. Nous y sommes parfois les seuls interlocuteurs des habitants. Nous alertons donc pour que des politiques publiques générales prennent en compte ces territoires. Dans ce contexte, pourquoi ne pas installer notre interlocuteur auprès du Premier ministre ? 
Le Mouvement associatif a appelé, dans l’entre-deux tours, à « s’opposer au pire et agir pour une France plus juste et solidaire », en faisant barrage à la candidate d’extrême-droite. Si la première urgence électorale a été parée, que peuvent faire les associations pour répondre à la seconde urgence sociale afin d’éviter le même scénario au deuxième tour dans cinq ans ?
Philippe Jahshan. Le monde associatif est confronté tous les jours à ces urgences sociales. Notre travail est reconnu puisqu’il est plébiscité par les Français (voir à ce propos ). Ca nous conforte dans les solutions que nous mettons en œuvre pour répondre aux besoins de collectif, de liberté d’engagement, de justice sociale, d’une économie qui a du sens, d’une démocratie plus ouverte, de plus d’égalité. Il me semble que ces aspirations souvent contrariées se sont largement exprimées au premier tour de la présidentielle. Au nouveau président de savoir se saisir des opportunités que portent les associations afin de réduire les fractures sociales et territoriales. Nous ne sommes pas des béquilles sociales des politiques publiques, mais un réservoir de solutions produites dans le cadre d’une autre façon de faire de l’économie. Nous voulons que l’économie sociale et solidaire prenne une place encore plus importante dans l’économie de notre pays. Encore faut-il que l’on réponde à cette forte mobilisation.
Sur quelle base souhaitez-vous nouer les relations avec le nouveau gouvernement ?
Philippe Jahshan. Il faut que la vie associative soit incarnée au niveau gouvernemental pour que les mesures futures ou qui ont déjà été adoptées soient réellement mises en œuvre par l’administration. Un exemple : la circulaire Valls et la loi ESS de 2014, qui sécurisent la subvention, sont des mesures acquises dans les textes, mais qui ne sont pas encore suffisamment intégrées par les services de l’Etat et des collectivités, faute de culture de la vie associative. Il faut que ces services comprennent que les subventions sont des investissements. Pas de coûts. Elles sont très rentables socialement. Elles sécurisent financièrement les associations qui sont des acteurs de l’économie et qui prennent des risques pour répondre aux besoins de nos concitoyens, mais avec une gestion désintéressée et non lucratives. Nous serons d’ailleurs vigilants pour que cette non lucrativité demeure. Or, en diminuant leurs subventions, les associations se retrouvent mises en concurrence avec des entreprises du secteur marchand, dans les secteurs des services notamment. Cette dérive pousse les associations dans une logique de rentabilité. Ces structures se voient parfois contraintes d’abandonner une activité insuffisamment rentable. Par exemple, une association de service à la personne peut être tentée de diminuer son offre aux habitants des zones rurales, faute de financeurs ni d’usagers solvables, pour se recentrer sur celui en direction des urbains. Mais tout n’est pas soluble dans les enjeux de rentabilité. Et ce critère pose la question de la prise en compte de l’intérêt général. Le prochain gouvernement ne doit pas franchir cette ligne rouge qui porte péril à l’existant et détricote les solidarités tissées de longue date.
Le recours aux financements privés, les actions menées en partenariat avec des entreprises, étaient privilégiés dans le programme ESS du candidat Macron…
Philippe Jahshan. On ne se positionne pas en opposition à ces évolutions. Mais on est prudent. Ainsi, nous portons une attention soutenue sur les contrats à impact social (par ce mécanisme financier, une association est financée par des bailleurs privés pour mener une expérimentation sociale. Si les effets de cette expérimentation sont évalués positivement, l’Etat offre un taux de rentabilité aux investissements privés, ndlr). Leurs effets et conséquences n’ont pas été suffisamment évalués. Le gouvernement précédent s’est engagé dans cette voie sans débat ni garanties suffisants. Ces contrats posent la question de qui procède à l’évaluation, qui définit les indicateurs d’efficacité. Si nous restons dans une logique expérimentale, pourquoi pas. Mais ce mode de financement n’est pas généralisable. Et il faut dissocier les logiques d’évaluation et de financement. Nous sommes pour renforcer l’évaluation de nos actions, leurs impacts. Je viens du monde des associations de solidarité internationale où, depuis vingt ans, ont été mis en place des mesures d’impact sur leurs interventions à l’extérieur de la France. Mais ces évaluations sont mises au service de la qualité du projet associatif et non des outils de financement. Elles ne doivent pas être cantonnées dans une logique de paiement sur résultat. D’autre part, ces mécanismes financiers mettent en péril l’un des grands atouts de l’association : sa capacité à rendre service, à innover, quitte à corriger les erreurs. Fonder le financement des associations uniquement sur des enjeux de rentabilité à court terme reviendrait à rogner leur capacité d’initiative.

Vos propositions pour l'emploi #MOIDÉPUTÉ

Vos propositions pour l'emploi #MOIDÉPUTÉ

VENDREDI, 19 MAI, 2017
HUMANITE.FR
Spécial élections législatives 2017. l'Humanité.fr vous donne la parole. Et vous, si vous étiez parlementaire, quelles seraient vos priorités ? Écrivez-nous vos idées, vos propositions de loi. Nous les soumettrons à des élus, des experts. Cette semaine nous vous proposons le thème de l'emploi.